C’était une journée ordinaire. Les oiseaux chantaient, le soleil dardait et un vent léger caressait les visages.
A quatorze heures tapantes, une édition spéciale indiqua sur toutes les chaînes télé qu’un phénomène inhabituel se produisait sur la planète entière. Le soleil devenait moins vif de sorte qu’on pouvait le regarder sans cligner des yeux et des nuages ni trop sombres ni trop clairs s’accumulaient dans le ciel avec une quiétude inconnue jusque-là. Tout en douceur sans masquer l’astre solaire. Un long grondement venu d’ailleurs résonna sur toute la terre. Tous les hommes sans exception, mus par une force invisible, quittèrent leur maison pour assister à ce phénomène étrange. Certains pensaient à une invasion extraterrestre, d’autres s’interrogeaient sans comprendre ce qui arrivait.
Une silhouette mystérieuse apparut à travers les nuages, puis un visage paisible qui prenait tout le ciel se fit légèrement souriant. Une voix calme bien distincte et audible par tous occupait l’espace dans une acoustique parfaite sans le moindre larsen.
« Je suis Dieu. D’ordinaire invisible, je n’ai pas de visage. On m’imagine, on m’invente, on me cherche… Aujourd’hui, je prends une apparence humaine pour rassurer le monde. Je me suis décidé à livrer mon existence pour que chacun soit certain de mon existence sans passer par des intermédiaires qui finalement me font beaucoup de tort. Croyez-vous que j’aie besoin d’être adulé, vénéré, de vous voir à genou ? Croyez-vous que je surveille chacun d’entre vous ? Je n’ai point besoin de tous ces travers que l’homme a inventés pour vous manipuler. Désormais vous savez que je suis et n’avez plus besoin de croire. Organisez vous, veillez sur votre planète, tout dépend de vous. Cessez vos querelles stupides, vivez sans chamailles vous aurez assez de tourments avec les aléas de la vie.
Je laisse planer un doute afin d’entretenir le mystère de l’après. Je ne vous parlerai pas de l’au-delà, ce n’est pas le moment et il n’est pas nécessaire de tout connaître ici-bas. Un grand pas vient d’être franchi, c’est une nouvelle étape dans la conscience des humains.»
Progressivement, le ciel reprit son apparence ordinaire, un grand brouhaha fit place au grand silence. Les gens, un instant interloqués, s’agitèrent ne sachant trop quoi penser. Ce fut si soudain et inattendu que personne n’interrogea le voisin pour connaître sa pensée. On aurait dit que chacun était momentanément débranché des autres comme pour se faire une idée sans prendre l’avis d’autrui. Les smartphones et appareils photographiques qui avaient été braqués vers le ciel pour immortaliser l’image de Dieu, n’avaient rien capté. Aucune image ne s’était imprimée.
Quelques jours plus tard, le monde reprenait vie d’une manière jamais pratiquée jusque-là.
Toutes les religions s’effondrèrent, les lieux de culte fermèrent leurs portes et plus personne n’osait évoquer Dieu comme auparavant.
Quelques irréductibles crièrent à l’imposture en affirmant que cette apparition universelle était un complot fomenté par des extraterrestres pour manipuler les humains.
D’autres étaient certains d’avoir reconnu le visage d’une femme et échafaudaient des pistes nouvelles pour l’après vie.
Pendant quelques décennies le monde vécu dans un calme relatif puis comme la nature reprend ses droits si on lui laisse un espace libre, l’humanité s’engouffra dans de nouveaux travers.

L’homme a besoin d’incertitudes pour exister. Sans les contrastes du vivre et le grand mystère de l’existence de Dieu à quoi ressemblerait une vie ?
Cette histoire a traversé mon inconscient durant une lourde sieste qui faisait suite à une éprouvante séance de pioche au jardin. A mon réveil rien n’était réglé, nous n’avons pas avancé d’un millimètre sur le sujet depuis l’homo Habilis, il y a plus de deux millions d’années.

En vérité, en vérité, je vous le dis, mon cher ami … vous aviez ce que nous appelons ici EPIFANIA kkkkkkkk. J’ai juste adoré. Magnifique. Pendant que nous faisons une sieste, notre subconscient travaille dur, n’est-ce pas?! Un gros câlin de l’ami brésilien et que d’autres épiphanies arrivent!
🙂
Bonjour L’ami Brésilien, c’était mon clin d’œil urbi et orbi.
Chez nous dans notre petite Corse on dit : « Chi posa mali pensa »
Ce qui signifie grosso modo : « Qui n’a rien à faire, pense des bêtises »
C’est un peu plus doux que « Oisiveté est mère de tous les vices »
Je ne suis qu’un passant qui passe et ne sais rien, alors, j’imagine et j’invente des choses…
Bonne journée, si c’est jour chez vous…
Un doux rêve dont la fin est très réaliste: les hommes reprendront leurs travers et leurs chamailleries au bout d’un certain temps car ils ne sont que des hommes, l’espèce animale la plus douée de toute et hélas la plus barbare.
L’image qui a servi d’appui au texte est tirée d’une photo que j’avais prise chez une coiffeuse en attendant mon tour. J’ai rêvé, le mannequin était magnifique, je l’ai transformé tel que vous le voyez…
Dans une heure, je vais publier une autre texte « D’outre tombe » avec de belles images transformées légèrement pour alimenter un autre rêve.