Le samedi était notre jour préféré, aucun enfant ne manquait à l’appel.
Je faisais le bilan de la semaine passée avec les élèves en difficulté et nous envisagions les paris à venir.
Parfois, je présentais un projet personnel de la semaine écoulée en montrant le résultat à l’ensemble de la classe, les applaudissements fusaient spontanément.
Ces jours-là, nous nous préparions à de futurs examens.
Nous procédions à un entraînement dans les conditions proches du réel.
Si nous venions de finir la quinzaine de la poésie, nous faisions le bilan afin de savoir si tous avaient mémorisé les points à retenir. Je leur préparais un questionnaire assez complet faisant ressortir l’essentiel.
Comme chez Jacques Martin dans sa célèbre « Ecole des fans », j’étais pratiquement certain que tous allaient réussir leur examen en récoltant la moyenne quasiment accessible à tous. S’il arrivait qu’un élève échoue, cela le boostait pour redoubler d’attention afin de l’obtenir la semaine suivante.
Nous procédions ainsi à l’issue de chaque quinzaine et la plus marquante fut celle consacrée à l’usage du dictionnaire. Nous l’avions analysé sous toutes ses coutures accessibles aux enfants de leur âge. Cet examen de passage était particulièrement attendu.
Après les corrections, individuelles pour les plus en difficulté, les résultats étaient affichés.
J’avais confectionné des diplômes plus vrais que les vrais, sur lesquels, je déclarais le récipiendaire apte à l’usage utile du dico. Je l’avais d’ailleurs nommé en lettres capitales bleues, formant un arc de cercle, le « Diplodico ».
C’était le seul moment de la semaine où je me trouvais assis à mon bureau pour faire plus théâtral et plus vrai. Les enfants étaient silencieux en attendant le verdict du président du jury. C’était à la fois sérieux et pour de faux, avec un avantage pour le sérieux.
Chaque enfant venait prendre possession de son diplôme, je l’informais de tous les détails inscris, je signais, il signait et repartait à sa place avec le document enroulé, maintenu par un ruban coloré.
En retournant à sa place, chacun avait droit à sa part d’applaudissements. Cette dernière attitude avait étonné, dans un premier temps, car personne n’était habitué à cette pratique propre aux jeux et aux spectacles.
J’attendais la sortie de onze heures trente, annonciatrice de week-end, avec curiosité.
Je sortais en même temps que les élèves pour les voir courir vers leurs parents, brandissant leur papier et annonçant « Je l’ai eu ! Je l’ai eu ! »
Je souriais tout seul et serais bien parti en sautant, aussi, je cachais ma joie des samedis magiques…
Je savais qu’en arrivant chez moi, j’allais attraper ma canne à pêche et filer à la rivière, sans manger, en courant comme un gamin.
Ces après-midis, je revivais mes jours d’adolescent, la magie se poursuivait sur un autre mode.
Dans le calme, là où chantent les ruisseaux, je repassais ma semaine pour inventer d’autres enseignements à mes élèves, rien que des enseignements qui émanent de la vie.
J’étais heureux.
Loin du monde, je me préparais pour d’autres samedis, j’anticipais et prenais de l’avance sur les plaisirs à venir…
La pêche, une activité bien reposante et passionnante… en tous cas mon grand père y prenait bcp de plaisir vers Archigna…
Oui, j’ai bien connu Antonu, je sais qu’il était très bon pêcheur et j’ai souvent parcouru le fleuve d’Archigna, partie en amont du pont du Tascaronu comme en aval.
Bona sera.
Moi qui n’ai jamais aimé l’école, ça me fait envie d’y retourner, mais dans les conditions que vous racontez 🙂
Les photos sont particulièrement belles, images du bonheur en somme.
Je viens de penser à un autre texte qui étonnera.
Le plus heureux n’est pas toujours celui auquel on peut penser au départ de l’histoire 😉