Lettre à un ami.

Chatvoyageur, qui effectivement voyage beaucoup, a lu ce passage, il y a deux ou trois jours. Je ne me souvenais plus du contenu et je suis allé voir aussi. C’était un de ces textes de l’ancien blog, parvenu sur le nouveau en très mauvais état. L’écriture avait pris de l’embonpoint, avait beaucoup grossi, rendant le récit moins agréable et sans doute interpellant le lecteur « Pourquoi cette écriture si volumineuse ? »
Eh bien voilà, c’est en versant le texte anciennement intitulé « O Simò ! » (interjection) dans WordPress que cela s’est produit sans que je sache quelle en fut la cause.
Voilà pourquoi vous pouvez rencontrer des textes déjà lus, je revisite.

J’aurais pu intituler ce texte « les petites choses de la vie » ou même « futilités »

Je me nourris de dérisoire et de bêtises aussi, mais je ne suis pas dupe car je les cultive.

Louis est un ami. Il évite de venir chez moi le vendredi. Il dit que ce jour-là, je suis morose et j’évoque toujours un malheur. En fait, il viendrait tous les jours s’il en avait loisir.

Aujourd’hui, c’était un bon jour.

Nous sommes des gamins, nous nous amusons de rien. Mais vraiment de pas grand-chose. De futilités, de bêtises durant ces perpétuels jours de repos. Entre deux éclats de rire, il me pointe du doigt : « Tu es sorti vendredi ? Tu l’as vu ? Il t’a téléphoné ? » ma réponse suit instantanément, toujours : « Oui, je suis sorti et je ne me suis pas méfié. Il était caché derrière un nuage et sans attendre que je fasse quelques pas, il m’a interpellé, ô simò ! » j’ai compris tout de suite, sans lever la tête au ciel, et j’ai lâché «  Non, c’est pas la peine, je n’entends rien ! »
Je sais qu’il va recommencer. Un jour il faudra bien répondre ou y aller.

Voyez, nous sommes des gamins. Certains qui ont fait de la psychologie comme moi une grande partie de ma vie, vous diront : « Derrière ces futilités, ces éclats de rires enfantins, se cache quelque chose. Ils croient plaisanter alors qu’ils ne font qu’exorciser la mort. »

Tu vois louis, ainsi donc, nos rires ne sont que fourvoiement, que camouflage de peur, que fausse dérision. Ils sont dérangeants, finalement, ces gens-là. Imagine que tu débarques un de ces vendredis noirs et que je sois de mauvais poil avec la vie. Faudra-t-il qu’on se lamente ? Qu’on soit sérieux ? Qu’on n’exorcise plus rien ? Faudra-t-il que nous cogitions sur pourquoi sommes-nous sur terre alors qu’on n’a rien demandé ? Et le vendredi suivant, devra-t-on reprendre la discussion là où nous l’avions mise sur pause ? Devrions-nous comme des Sisyphe nouveaux traîner notre croix sur la colline et redescendre perpétuellement faute de réponse à nos questionnements ? Devrions-nous tourner inlassablement cette vis que l’on sait sans fin ?

Et puis cet autre qui s’offusque : « On ne plaisante pas avec le divin. » « Ah bon ! Il serait susceptible au point de condamner l’humour le plus enfantin ou le plus fou ? Serait-il à l’affût de tout ce que je dis, constamment branché sur moi ? Lui qui sait déjà tout, qui connaît toutes les échéances à venir ? Lui hors du temps, inapprochable, intouchable et touché par mes idioties ? Serait-il vulnérable à ce point ? Voilà l’image que l’on donne de lui lorsque l’homme s’autorise à parler à sa place.

Finalement Louis, je t’inviterai à venir partager un repas et quelques vieilles histoires que nous connaissons déjà. On radote mais nous savons tracer des bons plans pour quelques travaux de maçon ou de menuisier. Les exécuter aussi. Là, nous sommes sérieux et nous montrons de quoi nous sommes capables encore… et puis, à l’apéro rien ne nous empêchera de sortir quelques bêtises qui font du bien. Je n’ai pas épuisé mon stock d’anecdotes, un jour celle que tu ne connais pas encore me reviendra à l’esprit. Et puis, je suis certain que tu ne manqueras pas de redemander pour la énième fois :
 Alors, il ne t’a plus appelé cette semaine : O simò ! »
Je te répondrai « Quoi ? Que dis-tu ? Je n’ai rien entendu ! 

Va savoir, il nous reste encore une semaine… puis une autre, peut-être. En lisant cela, tu vas te dire : « ça y est, il a encore écrit un vendredi ! » c’est le jour où paraît-il, je parle de ma mort. Non, Louis, tu l’as entendu un vendredi et tu en fais une règle désormais.

Un jour, fatigué par ma sourde oreille, il oubliera de m’appeler, il m’empoignera. Tu ne pourras t’empêcher de penser : «  C’est vrai, il était bien sous surveillance, pauvre Simonu, mon ami… »

Il nous reste une bonne tête de veau sauce gribiche et tant de bêtises à raconter…

A prestu, si Covid voli ! (A bientôt, si Covid veut ! C’est ainsi que l’on dit chez nous.)

Si vous trouvez ce récit abscons ou déplacé souvenez-vous qu’il est rangé dans la rubrique « Cabrioles ».

2 Comments

  1. C’est très sain de plaisanter sur ce qui nous angoisse ou nous fait peur, sans humour nous deviendrions tous fous 🙂

    1. Au début, ça le contrariait vraiment, encore hésitant…
      Maintenant ça le fait rire et c’est même lui qui commence 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *