Ce que je ne sais pas.
Parfois, je deviens un oiseau et mon vol me conduit à quelques encablures de ma maison, très vite je surplombe la vallée de mon enfance. Je la découvre comme je ne l’ai jamais vue et me prends à rêver du passé.
L’heure est venue de revisiter la vie, de retourner en enfance pour lui signifier que l’on a compris ce que l’insouciance d’alors passait sous silence. Comme si l’on emmagasinait des souvenirs pour plus tard lorsque le regard se portera dans le rétroviseur pour oublier que se profile, à peine brouillé mais bien lisible, le mot FIN.
Le champ de vue, le champ de vie, le temps du devenir, le temps des projets… se rétrécissent, alors la mémoire revient sur ses pas pour refaire sa vie une deuxième fois et donner l’illusion que le temps passé est encore avenir. Elle se pose sur des moments resurgis et leur donne des goûts oubliés par la jeunesse qui cavale.
Si je devais finir ma vie tout seul, je m’imagine au fond de ma vallée comme l’esquimau qui s’isole au bout de la banquise ou comme l’indien qui s’éloigne de sa tribu, sentant la fin proche.
Seul, l’esprit tourné vers les étoiles.
Regarder les nuages courir sur la lune qui me fait un clin d’œil à chaque passage de stratocumulus pressé de passer.
Me sentir attiré par les cieux, ne plus craindre le glaçant de cette immensité bleu nuit, sans savoir où je vais.
Croire que de là-haut, je verrai tous les miens, eux, ignorant que je les regarde encore.
Une autre vie après la vie, une vie où l’on ne possède rien d’autre que l’esprit, la sagesse peut-être, débarrassée des plaisirs et des douleurs d’un corps qui n’existe plus.
Un instant, la brise légère me caresse le visage, mon esprit papillonne sur les bons moments de ma vie. Le sourire ne me quitte plus.
Je trouve la sérénité absolue avec le regret de ne pouvoir la partager, sans certitude car je ne sais rien. J’imagine… J’imagine ce qui me plait.
Parvenir à ce moment où l’on commence à se faire confiance, c’est comme une deuxième naissance qui tire les leçons du passé.
Un grand paradoxe car le passé est intouchable.
Cet autre printemps de la vie apporte une nouvelle lumière, fait éclore les bourgeons tardifs d’un bouquet de regrets.
La vie a filé, on visite d’autres chemins, des endroits que l’on a évités ou que l’on a oublié d’explorer.
La fin de l’été se profile déjà, les hirondelles préparent un long voyage, la nuit tombe trop vite… il faut partir aussi.
Aller, s’en aller puisque c’est ainsi, après avoir posé ses sourires dans un coin de vos vies :
Pourquoi faut-il qu’un soir
Tout bascule dans le noir ?
Pourquoi partir sans savoir
Pour le plus grand des dortoirs,
Se figer dans un miroir
Et ne plus vous revoir ?
Heureux, ceux pleins de croire
Qui partent au reposoir
Croyant éviter le Purgatoire.
Je suis passé vous voir
Comme un être sans savoir
S’il lui reste un peu d’espoir…
L’absurde à portée
De pensée,
Au bout du chemin,
Il n’y a plus de matins,
Là-bas le néant
Nous attend.
Pour la petite histoire, les images transformées sont nées d’une vue de mon village un soir de Pâques dans le brouillard. Une image trouble, un cliché raté sorti d’un appareil minimaliste, inadapté à ce genre de photo nocturne. J’en ai fait mon univers.
Que dire après ce texte magnifique, sinon merci…
Et aussi que vous avez bien le temps d’aller voir ce qu’il se passe derrière le miroir.
Bona note!
🙂 Merci, bona notte !
Ha! 2 T, d’accord, c’est notté 😉