Il y a deux jours, je lisais un papier d’un philosophe contemporain.
Sans sourciller, il citait le pari de Pascal, le prenant en exemple.
Cela m’a toujours étonné que l’on fasse tant référence à ce qui ressemble à la plus grande escroquerie philosophique de tous les temps.
Oui, une imposture ou alors j’ai dû manquer un épisode.
Si je ne m’abuse ce pari se présente comme ceci :
« On a tout intérêt à croire en Dieu, s’il existe, on a tout à gagner et s’il n’existe pas, on ne perd rien. »
C’est grosso modo la teneur de ce fameux pari.
Cela a l’air simplissime et d’une logique implacable alors qu’il n’est que raisonnement de cour de maternelle car une chose essentielle est passée sous silence.
Admettons que Dieu existe.
On le dit tout puissant et qu’il contient tout. Ce qui signifie qu’il sait déjà ce que je vais dire demain ou dans quelques jours, si je suis encore de ce monde. Il domine ses ouailles et les connait par cœur, sinon il ne serait pas Dieu.
En poursuivant ce raisonnement, il a accès à nos pensées et à nos intentions. De la sorte, il comprendrait qu’avec ce genre pari on pense à sa pomme d’abord et non à honorer le divin. C’est proprement intéressé et pas très sincère comme approche.
N’étant pas dupe de nos intentions, comment pourrait-il nous accueillir dans son paradis si clean, si pur, dépourvu de toute fourberie ? Au minimum, il nous ferait faire un tour par le purgatoire.
Bref, lui infiniment bon, tout puissant, qui sait l’avenir déjà, comment serait-il l’objet d’un tel pari inepte, accessible à tous les esprits faibles ?
A contrario, si Dieu ne peut deviner nos intentions serait-il un Dieu ?
- Ma dighjà, o Pasquà comu ti senti ?
- …….
- Avali chi tu sà, ti se sbalgliatu o se salvu ?
- …….
- Alora, un dici nuda ? Se mutu ?
- ……. (Rien, pas un mot)
(Dis-donc Pascal comment te sens-tu ? …. Maintenant que tu sais, tu t’es trompé ou tu es sauvé ? …. Alors, tu ne dis rien ? Tu es muet ? ….)
Croyez donc si vous avez la foi, ne vous forcez surtout pas et ne faites pas de calculs vaseux.
La croyance est une intime persuasion, non une conviction car la conviction est du domaine du savoir, pas du croire.
On vit sa croyance au plus profond de son être sans chercher un salut futur, c’est un élan vers le divin, non un pari destiné à gagner au loto à tous les coups.
Dans ce cas de figure, ce n’est point pari mais sans doute temps perdu… n’en déplaise à feu monsieur Blaise.
Chez nous on dit : Zi Pasquali, le vieux Pascal et même feu Pascal.
Après ça, ne dites pas que je nie toute idée de Dieu, je n’en sais rien et c’est bien votre affaire !
Personne ne nous a informés sur la notion de temps dans l’au-delà.
Existe-t-elle encore ?
Si non, à quoi bon se faire du mouron ici-bas ?
Sans cette notion fondamentale pour l’homme, il n’y aurait ni attente au Purgatoire, ni feu en Enfer, en dehors du temps plus rien n’existe, tout est noyé dans l’éternité…
Vous me faites penser à cette vieille cousine venue passer une quinzaine de jours chez moi pour se rapprocher de la clinique où l’on opérait son mari.
Le premier dimanche, elle me demanda de bien vouloir la déposer à la messe, ce que je fis, naturellement.
Le dimanche qui suivit l’opération qui s’était fort bien déroulée, je m’apprêtai à l’emmener à nouveau à l’église.
Ben non, s’est-elle exclamée: je n’ai plus rien à demander! 🙂
🙂 Voilà une personne qui a bien les pieds sur terre et la tête dans les cieux lorsque c’est utile 😉
Allez savoir, les chirurgiens avaient peut-être reçu des consignes qui parfois, hélas, restent coincées dans les nuages.