Mes deux reines.

Elles en ont mis du temps pour régner !

Cela fait bien une vingtaine d’années que je les ai plantées.
Deux rejets prélevés dans un jardin ami mais pas voisin, situé bien plus haut que le mien de quelques centaines de mètres.
J’ai bien cru qu’elles ne produiraient définitivement rien et que jamais, je ne connaîtrai leur nom de règne.
Depuis deux ans seulement, elles ont commencé à produire un petit quelque chose.
Cette année c’est le réveil en fanfare, une affaire incroyable.
Mes deux pruniers sont chargés comme des mules, même les geais et les petites filles qui ont cueilli à l’aveugle, n’ont réussi à les dépouiller.

Il reste encore beaucoup de fruits et surtout ce qui m’importait le plus, était de connaître enfin leur identité. La personne amie disait « prunier », se fichait des noms et des variétés, pour lui, c’était un homme, une prune c’est une prune. Je ne l’ai pas contrarié davantage, j’ai attendu pour savoir et j’ai attendu longtemps.

Maintenant, je suis presque certain qu’il s’agit de deux reines Claude.
Le plus grand des deux arbres, haut de quatre mètres et aussi large que ça, est de la variété reine Claude d’Oullins, l’autre reine Claude verte.

Si vous saviez comme elles sont belles et bonnes !
Même celles qui ne sont pas mûres.
A la croque, elles font un bruit très agréable sous les molaires, une sorte de « crac croc » prolongé très musical, une texture agréable et à peine sucrée.
Celles qui sont mûres, oh ! lala ! qu’est-ce qu’elles sont sucrées ! Si sucrées que leur peau en devient acide par contraste. Une acidité qui n’est pas détectée sur celles qui approchent de la maturité.
Et puis saines, bien rebondies ! Tapissées d’une pruine protectrice. On dirait du givre, du givre en pleine canicule…
Ah, les facétieuses, elles auront tout inventé pour me faire plaisir et me pousser à écrire :

– Allez, vas-y, n’hésite pas ! Raconte. Parle-leur de nous ! Nous avons mis du temps, hein ? Mais nous voilà maintenant, tu es content ?
– Content ? Ça ne se voit pas ? Oh oui, je suis content, vous reviendrez l’année prochaine ?
– Non, non, pas tous les ans ! Nous serons moins nombreuses, un arbre fruitier se repose aussi, sinon il va s’épuiser.
– Alors en 2022, j’espère être encore là…

Je suis même étonné qu’en si grande quantité, elles n’aient été attaquées par les vers. Pas un seul ! Que des prunes saines. Un vrai bonheur.
Je vous l’avais dit, qu’est-ce qu’on est bien ici à la campagne !

Hier soir, je ne tenais plus en place, je suis descendu au jardin me poster sous le grand prunier dit reine Claude d’Oullins.
Le soleil déclinait, c’était un va et vient incessant de mésanges charbonnières surtout, il m’a semblé reconnaître le bruant zizi aussi, mais je ne suis pas certain, j’étais très gêné par la luminosité rasante.

Il fallait les voir, tous ces oiseau, s’empiffrer de prunes dodues ! Elles font grand gaspillage allant de l’une à l’autre sans en finir une.
Je m’en fichais, il y en a encore suffisamment pour ma petite famille.
Ce qui m’importait le plus, c’était de revenir plusieurs décennies en arrière lorsque j’étais au CM2, je crois. C’était au mois d’août aussi. Je me revois assis sous le poirier Williams à observer les chamailleries des mésanges qui se disputaient une poire :

  • Celle-ci est à moi !
  • Non, j’étais là avant !
  • Quoi ? C’est pas vrai, c’est moi qui l’ai entamée !…
    Et gnan et gnan gnan… Tout en se disputant, elles massacraient le même fruit entamé des deux côtés. Et en plus elles choisissaient les plus mûres, celles prêtes à être cueillies !

Ah mais ! Je me levais d’un coup en frappant le sol avec mes pieds et agitant les bras… Si vous les aviez vues filer à travers les branches… Je souriais mais quelques secondes plus tard elles étaient de retour.
C’est leur métier de travailler dans ces restaurants, l’été 😉

Eh bien, hier soir c’était pareil, voici quelques images :

On dirait un bruant (?)
Avec cette vue ventrale, on dirait… aussi.
Là, c’est une mésange, sans doute charbonnière (?)
Je ne voyais rien et la mise au point devenait aléatoire.
Dès qu’on tourne la tête, on se fait piquer sa prune !
Elle aime bien faire le cirque.

Et puis, je l’attendais celui-là, impossible de le prendre en photo.
Il arrivait trop près de moi et filait aussitôt.
La troisième fois :

Un mastodonte se pose à moins de deux mètres…
Clic ! Clac ! Clac ! Sans regarder et sans mise au point, au jugé.
Quelle surprise !
Tu es là toi ?
Vous avez vu cet œil ?
Trop tard, je l’ai eu, enfin !
Surprise et inquiétude dans l’œil, il va se souvenir du Kodak, celui-là !
Vous voyez la pruine, c’est cette poudre blanche.
Sur l’arbre, elle recouvre totalement le fruit pour le protéger contre la déshydratation et autres maux, là les prunes ont été manipulées, la pruine s’enlève facilement au simple toucher.

2 Comments

  1. Quel bonheur de récolter les fruits de l’arbre qu’on a fait naître! Vingt ans d’attente et enfin la récompense, encore plus généreuse qu’espérée. C’est ça, la vraie vie 🙂
    Je ne dispose que d’un petit rebord de fenêtre, mais ça ne m’a pas empêchée d’y semer des graines qui m’ont donné 2 beaux orangers, un myrte qui sont maintenant superbes dans un jardin près de Sotta et un magnifique néflier qui donne aussi des fruits dans un autre jardin ami près de Cargèse. Avec rien on peut faire son jardin, son bonheur 🙂

  2. J’ai planté une vingtaine d’arbres, certains par bouturage (boutures prélevées sur des arbres locaux).
    Tous produisent.

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