C’est un scandale.

  • Qui se soucie ? Oui, qui se soucie ? Dites-moi !
    Elle a bien le droit d’exister aussi, elle a sans doute son rôle à jouer également. Elle a le droit de vivre sa vie paisiblement ! Non ? Elle est tranquille, et puis voilà !
    A-t-on le droit de tendre ainsi des pièges ? C’est interdit, c’est interdit par la loi, tu n’as pas à piéger ton lieu d’habitation. Ah, c’est ça, pour te nourrir ?
    Il n’y a pas de supermarché à la campagne… Et alors ? Ça justifie le piégeage ?
    Ah ! Elle n’a qu’à faire attention ! Donc, on doit toujours être sur le qui-vive !  Toujours stressé, toujours en alerte ! Quelle drôle de conception de la vie… Comment ? Elle n’était pas obligée de passer par là ? Il y a de l’espace, elle n’avait qu’à passer par ailleurs ? Oui, d’accord, mais alors c’est une autre qui aurait subi le même sort. Il faut bien que tu vives aussi ? Ah bon ! Il n’y a pas assez à manger autour ?
  • Oui, oui, oui, je suis insectivore, et vore toi-même ! Tu crois qu’on peut vorer ce qu’on veut ? Tu choisis bien ce que tu vores toi ? Non ?
  • Oui, je vore du végétal, moi !
  • Et tu crois que c’est mieux, de s’attaquer aux plantes ? Et tu vores quoi exactement ?
  • Des trucs sur des fleurs, je sais pas comment ça s’appelle, mais c’est drôlement bon. Des trucs jaunes, le plus souvent.
  • Des citrons ?
  • Non ! pas des citrons, des trucs qui ressemblent à des étamines, tu connais ?
  • Des éta-quoi ?
  • Mines ! Oui, mines !
  • Des mines d’or alors !
  • Non, ça ressemble à de l’or mais ce n’est pas de l’or, c’est au beau milieu des fleurs. Le cœur des fleurs on dit.
  • Si tu t’attaques aux fleurs, c’est pas mieux que moi. Et le cœur en plus, tu te rends compte, le cœur ? Tu ravages la plante, tu n’es qu’une ravageuse va !
  • Bon, écoute, occupe-toi de tes mouches, laisse moi tranquille et puis nous ne sommes pas de la même espèce. Tu as huit pattes, un regard pas possible et des chélicères bien acérés…
  • Des chéli-quoi ? C’est quoi ce truc ?
  • Je parle de tes crochets, tu mords, tu tues et puis tu aspires, il ne te manque plus que la paille…
  • Bon laisse-moi la paix petite bestiole noire à six gambettes, comment tu t’appelles déjà ?
  • Une cétoine grise.
  • Ah ! C’est toi cétoine, allez oust, tais-toi cétoine !
  • Et toi, épeire diadème. Diadème, diadème, tu te prends pour une reine…

C’était ce matin, lorsque le soleil commençait à chauffer. J’ai assisté à une prise de bec entre un coléoptère et un arachnide.  
Je peux vous assurer que c’est pas beau à entendre, on aurait dit deux humains qui se chamaillaient.

Une mouche venait de s’empêtrer dans une toile et l’épeire s’amusait à l’emmailloter dans un fil qui n’en finissait pas.

On se serait cru sur la toile.
Non pas la toile d’araignée, sur le net, sur un réseau social. Facebook par exemple. Des gens qui s’écharpent sur un sujet à n’en plus finir jusqu’à ce que l’un des deux antagonistes craque au milieu de l’invective.

C’est peine perdue, les sujets de verte chamaillerie ne manquent pas.
Vous savez ces sujets que l’on peut aborder par tous les bouts et qui donnent raison quel que soit le bout.

Le premier qui rira aura une tapette !

L’épeire diadème.
La cétoine grise sur une fleur de ciste.
Un amour fou, elle va s’étouffer.

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