L’aphoriste.

L’habit ne fait pas le moine mais le phasme fait la brindille.

Aujourd’hui, je suis en rupture d’inspiration, alors je vais frelater. Je vais m’amuser à écrire ce qui me passe par la tête, on en tire toujours quelque chose. A minima, on tue quelques minutes, ce qui ne dérange pas beaucoup notre ami le temps.

Alors ? L’aphoriste, de quel instrument joue-t-il ? Est-il plus proche du guitariste ou du joueur de pipeau ?

L’aphoriste est une sorte de marionnettiste qui présente au bout de ses ficelles un condensé de pensée du meilleur aloi possible. Il est capable d’exprimer une idée ou son contraire en y mettant le plus bel effet pour la rendre séduisante. Il s’agit, le plus souvent, d’une pensée que les conquis par l’idée présentent comme vérité. Le Larousse en ligne donne la définition suivante de l’aphorisme : « Enoncé succinct d’une vérité banale. Ex. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. » Il s’agit là d’une vérité et non de la vérité car on se doute bien que le « pas de nouvelles » peut résulter d’une fâcherie comme d’un drame qui sera connu plus tard. On pourrait dire aussi : Pas de nouvelles tout est vieux ou Pas de nouvelles, nouvelles attendues (plutôt que penser à bonnes nouvelles, on s’inquiète). Bref, vous pouvez vous amuser comme vous voulez.

L’habit ne fait pas le moine, si c’est carnaval, il y a de grandes chances pour que l’idée soit juste… Si vous dites « La pluie mouille le sol » c’est juste aussi, elle ne mouille pas l’océan ou la mer qui sont déjà mouillés. « Je pense donc je suis » peut-être modifié en « je panse donc je suis », sous-entendu je suis le patient de près.

Aphoriste n’est pas un métier, c’est un amusement qui vous fait croire que vous philosophez en tricotant des mots pour en faire des idées réjouissantes, haut de gamme.

Il est fleuriste aussi. Il compose des jolis bouquets de mots pour offrir des corolles harmonieusement colorées à présenter sur toutes les tables.
Tel un marchand ambulant, parfois, l’aphoriste débarque dans votre univers et vous klaxonne sa marchandise. Si la musique est bonne, c’est-à-dire si elle correspond à votre humeur du moment, l’affaire est conclue sur le champ. Vous êtes séduit et désormais vous n’aurez plus que ce mot à la bouche. Pour très longtemps.
J’adore jouer à l’aphoriste illusionniste. J’aime fabriquer ce « prêt à dire » qui frappe l’esprit en un instant, s’installe dans la mémoire puis ressort à tout moment que l’on juge opportun.
On peut « aphoriser » à sa guise pour passer le temps, c’est comme un gargarisme pour exercer la mémoire ou se bouger les méninges. Une gymnastique intellectuelle qui donne l’illusion de faire le tour du monde alors qu’on fait le tour de sa maison.

Allez ! Faisons un petit tour…

L’aphoriste est un illusionniste qui sait agencer des mots pour qu’ils expriment une pensée paraissant universelle.

Ne crois jamais un aphoriste, demain, il te sortira une idée contraire qui te fera oublier celle que tu as adorée.

Dieu ne parle jamais, on ne le voit nulle part, il s’est inventé le don d’ubiquité pour libérer l’imaginaire de l’homme.

L’ubiquité est un pays magique perpétuellement délocalisé, lorsqu’on croit l’avoir situé, il est ailleurs.

« L’homme croyant » croit tout savoir du divin alors que croyance et savoir sont opposables. L’une est dans l’imaginable et l’autre dans le palpable.

Lorsqu’on croit, c’est qu’on ne sait pas ou qu’on ne sait rien.

« Je le crois parce que c’est lui », est marque de confiance s’il s’agit d’un homme et de méfiance s’il s’agit de Dieu.

Le pari de Pascal « on a tout à gagner en croyant en Dieu et rien à perdre s’il n’existe pas » n’est pas un pari mais une arnaque qu’un Dieu existant ne peut accepter. S’il est tout puissant, il sait ce marchandage inacceptable toujours gagnant/gagnant, non par amour pour lui mais par intérêt en évitant d’aller en enfer.

On peut envisager le contraire de ce qui vient d’être dit.

Dieu est infiniment bon et se fiche de tes mauvaises pensées.

Dieu n’a rien à attendre, il est hors du temps, alors fait ce que tu veux et tu verras…

Dieu contient tout. Il y a dix mille ans, il savait déjà ce que j’écris aujourd’hui.

Pas besoin de jugement dernier, il te connaissait avant de naître puisqu’il contient tout.

Un Dieu revanchard scrutant la bêtise humaine ne serait pas un Dieu. Aussi faible qu’un homme donc.

Si je touche Dieu en faisant des bêtises c’est qu’il a quelques faiblesses humaines.

Voilà, avec mon truc du jour, on a l’impression de faire du surplace à défaut de tourner en rond. Normal lorsque je joue à l’aphoriste, je pratique la tautologie, c’est-à-dire que je formule toujours la même chose de manière différente. C’est faire du surplace en donnant l’illusion d’avancer.
On n’est pas plus avancé aujourd’hui qu’hier, on en sera au même point demain. Chaque fois que l’on s’attaque à l’idée de Dieu, on s’aperçoit que c’est le seul domaine d’égalité entre les hommes, du plus stupide au plus intelligent, personne n’en connaît un milligramme de plus que l’autre.

La clé est entre ses mains. A-t-il des mains et y a-t-il une clé ? Vous voyez ? Ça recommence !

Et là, l’auriez vous reconnu ?
Il fait la tige !

Il fait l’instituteur et va écrire la date au tableau.
Il fait la sieste.

1 Comments

  1. Commentaires

    Zeva
    29 Juin 2016 à 18 h 38 min Modifier
    Cher Simon, permettez moi de vous appliquer cet aphorisme/citation d Einstein : « La joie de contempler et de comprendre, voilà le langage que me porte la nature »… j ajouterai : l’ »amusement »… de faire travailler les neurones de vos lecteurs, dans un sens puis dans l autre, en parfait aphoriste, tel un « marionettiste », un « fleuriste » avec vos bouquets de mots que vous nous offrez joliment, ou encore un « illusioniste »,.. .Le xlaxon du marchand ambulant nous invite à nous interroger pour saisir une piste qui nous laisse perplexe, puis une autre…..Et le photographe nous permet de rechercher le phasme brindille …et de contempler cette « chose » infime….Merci pour toutes ces surprises que vous dévoilez à notre encontre…et qui ouvrent notre « regard » …

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    simonu
    29 Juin 2016 à 19 h 02 min Modifier
    Bonsoir Claude.
    Je vous remercie pour ce commentaire qui me touche. C’est très agréable d’être ainsi compris. Si entre l’amusement que me procure l’écriture, les photos que j’essaie de coller à l’esprit de la lettre, il y a de la place pour le plaisir et plus pour le lecteur, j’en suis ravi. Je craignais d’ennuyer, ce n’est pas le cas pour vous et l’aphorisme de maître Albert me convient parfaitement. Bonne soirée Claude.

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