Mon histoire va vous sembler extravagante, complètement loufoque. Ce n’est pas bien grave, j’ai encore toute « ma tête à moi » comme dirait un candidat à la télé réalité.
Je suis en plein dans le réel, c’est la raison pour laquelle, je m’autorise quelque échappatoire vers la légèreté.
Le rond de Paris, ce n’est pas trop connu. C’est une pièce de viande de bœuf, un rosbeef à la fois goûteux et tendre. Il me restait une partie trop cuite, j’ai donc tout naturellement pensé aux poules. Il n’y a pas mieux pour réduire vos déchets de cuisine. Elles adorent et surtout adorent découvrir et vous récompensent, de surcroît.
- Tiens, il arrive Simonu ! Qu’est-ce qu’il nous porte ?
Je commence à comprendre le langage des poules, je suis parvenu à décoder leurs « cot » et leurs « codec » à force de les entendre. Surtout leur malice lorsqu’elles se poussent d’un coup d’aile en faisant un clin d’œil à la voisine.
- T’as vu comme il est fagoté aujourd’hui ? Et coiffé avec un pétard ? C’est classique, elles me charrient, je ne relève même plus.
Ce matin donc, il me restait un bout de rond de Paris. Si vous les aviez vues plonger dessus et fuir dans un coin pour se cacher, avaler puis revenir à la pioche. On aurait dit qu’elles connaissaient déjà. Aucune hésitation, elles se dépêchaient d’avaler et de piquer avant que tout disparaisse. Toutes agissent ainsi.
En quelques secondes, il ne restait plus que la pitance habituelle. Graines, pâtes, pain et des épluchures de betteraves.
L’une, la grise perlée, m’a regardé et m’a questionné :
- Qu’est-ce que c’était comme viande ?
- Un reste de rond de Paris !
- De Paris ? Elle venait de si loin ? Tu n’es pas à compiègne toi ! (Chez nous « cumpiègna » veut dire plaindre donc tu n’es pas à plaindre ! Elle voulait dire, tu es riche, tu te soignes bien. Bon j’ai laissé dire car les gélines ça discute ferme, on ne s’en sort plus si on leur tient discours.)
- Oui, de Paris mais c’est son nom commercial, le morceau de viande ne vient pas de Paris.
- Imbè ! C’était bon, mi ! Ajouta la blanche qui s’est un peu corsisée en prenant des intonations locales. Tu en auras encore ?
- Non ! Non ! c’est fini, j’en achète plus ! C’est pas toujours Noël !
- Piccatu ! Répondit-elle. (Péché)
La Harco qui s’était précipitée dans le poulailler en me voyant arriver, sortait en chantant à tue-tête, le cou allongé comme si elle s’adressait à tout le quartier. - Et moi ! Pas un rond ? T’as vu dans le pondoir ? Allez va te faire un flan !
D’ordinaire, lorsqu’elle est un peu agacée, elle me dit « Va te faire cuire un œuf ! », elle semblait de bonne humeur.
Il y avait des œufs, j’ai pris mon dû et j’ai filé pour faire mon flan, on peut avancer qu’il est rond aussi.
Je vous l’ai dit avec les poulettes, quand elles commencent à papoter, on ne s’en sort plus.
Moralité. Tu peux donner du rond de Paris à tes poules, tant que tu veux, leurs œufs seront toujours ovales. Vous ne les avez pas vus mais je vous le confirme. Vous me croyez ?
Elevez des poules si vous pouvez, le bonheur autour du poulailler est assuré !
Un p’tit sourire, non !
Mes parents avaient un poulailler et le coq était féroce à défendre ses poules!
Le flan est très appétissant (sans pâte c’est le meilleur ^^
Je poulaille toujours et je m’amuse à faire parler les poules, c’est distrayant.
Quant au flan, c’est toujours simplissime, des œufs du lait entier, une quantité modérée de sucre.
Dans celui-ci, il y avait du sucre de noisettes, des zests, très fins, sans blanc, de citron local non traité.
Si ténus qu’ils avaient fondu à la cuisson, je ne vous dis pas la découverte lorsqu’ils réveillaient les papilles étonnées…
Bon dimanche et merci d’être encore là.