A l’ombre d’une feuille de chou.

Vous avez tout compris. Il pleut, il fait froid et le dieu du vent est déchaîné. En furie, en grosse rogne, il a fait le vide sur la place, tout est rangé dans un coin contre le mur. Efficace le bougre !

Je ne peux donc aller chasser l’image par ce temps qui décoiffe, il vaut mieux se montrer sous sa meilleure image, il y a belle lurette que j’ai abandonné la gomina. C’était à mon adolescence en allant chez le coiffeur qui nous peignait à la cycliste pour ressembler à un rockeur. Humeur d’adolescent en chasse obligeait.

Il me restait un chou. L’idée n’a pas tardé à germer, je gère à ma guise, temps et gourmandise.

Quatre feuilles suffisent pour deux ou même pour quatre si vous êtes des moineaux à table. Il faut les blanchir quelques minutes pour les assouplir. Les blanchir cela signifie les faire bouillir un peu et non les passer à la chaux. Après, ça va très vite.

Comme dans la paume d’une main.

Sur chaque feuille, je pose une tranche de jambon cuit, fraîchement coupée, je dépose un petit tas de champignons et une bonne poignée de râpé. Voilà, je roule, je nappe de crème fraîche et je saupoudre de gruyère. C’est prêt à passer au four, une demi-heure avant de passer à table. Avouez que c’est pas sorcier !

Avant le nappage.

Pour une fois, je vais vous donner quelques conseils.

Prenez soin de bien sécher les feuilles de chou, l’excès d’eau n’arrange pas le gratin.

Si vous utilisez des champignons en boîte, pressez-les dans du papier absorbant pour les débarrasser de toute humidité excessive.

Achetez du jambon charcutier à la coupe.

Si vous optez pour la crème, choisissez-la plutôt semi épaisse que liquide. Tout ce qui est trop liquide est à bannir.

Je vous conseille de vous faire plaisir avec des champignons frais – de Paris ou d’ailleurs – de les faire sauter dans du beurre – dans ce cas pensez à une bonne et généreuse persillade (ail et persil) – de réaliser une béchamel à partir d’un blond roux puis de recouvrir abondamment de comté bien goûteux. Vous pouvez incorporer le fromage à la sauce, c’est ce que je fais habituellement pour éviter de trop l’assécher au four ou sous le grill.

Voilà, vous savez à peu près tout, il ne vous reste plus qu’à apporter votre touche personnelle, estragon, noix muscade… le choix est vaste.

Non, pas tout, j’ai fait griller dans une poêle, à sec, des tranches très fines de panzetta pour décorer façon galons de sergent les ballots préalablement réalisés. Cela assure un croustillant bien agréable, au goût plus prononcé, et cela m’évite de saler.
Là, c’est complet, je crois. Inutile de regimber, libérez votre imagination et vos plaisirs.

Pour moi, la cuisine n’est jamais un problème, je trouve toujours une idée. J’ai commencé à huit ans en fouinant dans l’épicerie de Taianina, sur le passage, en allant tenir compagnie à ma tante.

Bien sûr, ne vous attendez pas à obtenir deux étoiles au Michelin avec cette recette mais elle nourrit son homme et meuble son midi…

Eole se fracasse toujours contre murs et branchages. J’entends ses frasques, les volets sont fermés. J’ignore quelle mouche l’a piqué pour s’en prendre à tous ces ustensiles qui traînent dans la cour.
Il va bien finir par se calmer.
Pour l’instant, et cela va durer, parait-il… il cuisine.

Aujourd’hui, je resterai sage comme une image.

Vous me croyez ? Hum !

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