Était-ce du lard ou du cochon ? De l’art peut-être.
On a souvent l’impression que les choses nous interpellent. C’est l’esprit qui s’imagine des choses qui ne le regardent pas. Egocentrisme sans doute.
Je passais tranquille. Mille fois j’ai trotté devant cet endroit sans jamais remarquer ce crâne hilare, mort de rire, capulatu, dit-on chez nous. Un instant, j’ai cru qu’il me suivait du regard, mais non, il regarde dans le vague et suit toute personne qui passe par ici.
D’ordinaire, je file. Aujourd’hui, je me suis arrêté un instant et je l’ai observé un bon moment. Toutes ses dents et saines de surcroit ! Est-ce ainsi que l’on rit à gorge déployée, à se décrocher la mâchoire ? En quoi étais-je l’objet d’une telle rigolade ? Allez savoir ce qui se passe sous une boîte crânienne vide, totalement écervelée. Les pensées sont absentes, alors ce sont nos cervelles qui se mettent fumer et à interpréter.
J’imaginais qu’il se fendait les mandibules en me faisant des gestes avec le menton. Il m’indiquait le cimetière juste derrière moi à quelques mètres seulement. Il semblait me rappeler que bientôt peut-être je rirais comme lui et que j’y passerais le restant de mes non-jours. Puis je me suis ravisé. Pas superstitieux pour deux sous, plutôt facétieux, j’ai pensé qu’il voulait me rappeler la proximité de la Toussaint.
Ah ! Lui répondis-je, je sais c’est pour bientôt, nous irons tous au paradis. Pardon, je voulais dire nous irons tous visiter nos morts. Les chrysanthèmes s’épanouissent dans les pépinières et les bougies attendent de mèche ferme. Il y aura du monde parmi les fosses et les tombes. On se souviendra. Certains converseront en cachette avec une croix, d’autres essuieront quelques larmes échappées sans prévenir. C’est ainsi, c’est la vie qui va visiter les défunts sans forcément songer qu’un jour, on dormira du côté silencieux, là où personne ne parle mais fait beaucoup parler…
Monique la canadienne avec qui je papotais souvent par mails interposés avait raison. « Un rien vous allume ! » Me soufflait-elle avec un grand sourire, j’imagine encore puisque je ne l’ai jamais connue. Elle dort sans doute dans une nécropole québécoise, son humour et sa joie de vivre doivent faire des ravages sous la terre canadienne. Voyez comme une simple rencontre avec un objet posé là dans la plus banale des postures fait voyager.
J’ai l’évasion facile et l’imagination fertile. J’écris pour passer le temps et tant pis si je n’ai rien à dire qui fasse sauter au plafond.
Un crâne me fit un clin d’œil, j’ai cru bon lui répondre ces quelques mots qui filent au vent d’automne.
Aujourd’hui Eole était déchainé, il n’a cessé de balayer le village dans tous les sens… A la faveur de quelques rayons de soleil qui profitaient du voyage des nuages pour se glisser entre deux, j’ai pu cliquer pour vous. Voici ces images de mon village qui revêt son habit automnal.
Bientôt, il s’endormira pour passer l’hiver au coin des cheminées.