Automne.

Il faisait toujours chaud. L’été s’éternisait. Il y a deux jours seulement, nous avions la lumière, la chaleur, il ne manquait que la musique des hirondelles et des martinets qui squattent le ciel.

La météo nous avait prévenus. Des trombes d’eaux allaient s’abattre sur nos villages et dans les villes côtières, c’était notre tour de récolter toutes les larmes tombées des nues, à bassinées. Souvent la météo se trompe, notre microrégion est plutôt épargnée par toutes ces lugubres annonces. Deux à trois mois de pluie en un seul jour, vous imaginez la panique dans les chaumières ! Ça va pas non !

La nuit dernière fut calme, j’ai dormi comme un bébé.

Ce matin, le jour avait du mal à s’approcher de notre contrée. On aurait dit qu’il avait mal dormi et qu’il peinait à se lever. Une brume déjà épaisse au lointain roulait inexorablement vers ma maison. D’abord ce fut une pluie fine, un crachin plus fort que le vrai crachin et puis ce fut une sorte de déluge. Ça chutait dru et fort dans un frémissement à faire peur aux enfants. Les adultes aussi devaient frémir. Si l’annonce devenait réalité, ce serait la déguste !

Les tuiles étaient cuites, archi-cuites sous les grosses températures estivales. Celles finement fêlées ont dû s’ouvrir un peu plus sous l’effet de la dilatation. Quelques gouttes s’annonçaient au plafond dans l’entrée, des petites coulées suivirent, puis toc ! toc ! toc ! On aurait dit qu’elles faisaient la course pour plonger plus vite dans la bassine… Ce fut de courte durée. J’ai pu aller visiter les poules, elles étaient trempées, j’imagine l’état du poulailler et du nid après tous ces passages dans la boue.

L’automne était au jardin. La vigne a pris un coup de vieux. Les feuilles sont rouillées, jaunies par les saisons qui passent. Les grappes assaillies par un nombre incalculable de guêpes gloutonnes donnaient signe de fatigue. Les grains de raisin avaient la goutte au nez, d’autres ne présentaient plus qu’une peau brune, complètement vidés par les fructophages jaunes et noires. Certaines guêpes gavées de fructose ne bougeaient même plus lorsque je secouais la grappe. Elles se demandaient ce qu’il leur arrivait, sans aucune agressivité. Peut-être étaient-elles ivres puisqu’elles s’attaquent aux grains les plus sucrés. Je ne sais pas.

En repartant vers la maison, sous le noyer pourtant bien fatigué cette année, accablé par la maladie de ses fruits, des noix jonchaient le sol. Plus petites que d’ordinaire. Je ne pensais pas qu’il y aurait tant de coques saines.

La nuit dernière, avant l’accalmie, le vent a dû secouer fermement toutes les branches. La tortue et le hérisson ont dû s’amuser comme des fous en écoutant le bruit sur la carapace. Vous n’allez pas me croire, c’est ainsi que nos deux compagnons ont appris à compter. Ploc ! Ploc ! Ploc ! Trois noix ! Riait le hérisson. Jusqu’à dix seulement, faut pas exagérer ! Après, ils recommencent à zéro mais qu’est-ce qu’ils s’amusent à l’automne venu…

Je crois que nous y sommes, la saison des feuilles mortes s’est installée. La végétation, bien tannée par la chaleur l’été dernier, va prendre un repos mérité et des forces pour l’année à venir.    

Nous verrons bien…

Le ciel est toujours gris, il fait triste mine… Assurément un temps de Toussaint, ça doit commencer à frémir sous les tombes…

D’autres images.

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