J’étais au fond du jardin et rêvais d’un fumet de poisson. Pourquoi ? Je n’en sais rien, c’est comme ça et d’autant plus surprenant que je regardais des figues encore vertes qui ont souffert de la canicule et tardent à mûrir. Les orages de ces derniers jours ont donné un peu d’espoir à tous les fruitiers qui tiraient la langue et commençaient à souffrir du manque d’eau. Les raisins aux grains ridiculement petits presque comme de grosses myrtilles commencent à prendre du poids. La mouche du brou de noix a frappé fort cette année. Les fruits du noyer jonchent le sol et semblent plus nombreux que sur l’arbre, fripés ou noircis, leur récolte sera maigre cette année…
Mon esprit à sauts et à gambades, me conduit du coq à l’âne très souvent. Cela permet de prospecter un peu plus loin que le sujet annoncé et nous propose une récréation que j’espère agréable.
Je m’étais attardé sur le talus qui surplombe le poulailler à regarder les poules qui grattaient dans un tas d’herbe fraîche que je venais de leur balancer par-dessus le grillage. Quelle association d’idées a donc pu m’expédier dans une halle au poisson puis dans une cuisine ? Mystère. Ce sont les incontrôlables vagabondages de l’esprit.
J’avais sorti ma cocotte en fonte et je faisais suer dans un peu d’huile d’olive, à feu modéré, des carottes débitées en allumettes longues qui occupaient la moitié du fond et des blancs de poireau effilés, effilochés comme une fine chevelure. Carottes et poireaux bien séparés. Vous voyez l’image ? Tout cela poupoute puis transpire son jus, progressivement. Lorsque l’eau de végétation semble suffisante, je pose des tronçons de lotte sur le paillage, je couvre et je laisse cuire, toujours à petit feu, une vingtaine de minutes. A vous de juger de l’état de cuisson du poisson après ce temps à l’étouffée. Je vide la cocotte avec une écumoire pour ne laisser que le jus de poisson mêlé à celui des légumes. Je réduis à feu vif pour que cela soit moins aqueux et verse dessus un aïoli préalablement préparé puis fouette pour bien mélanger. Cette sauce devenue liquide nappera les légumes et la lotte présentés sur un plat ovale. Vous pouvez servir.
J’ai oublié de vous parler sel et poivre, c’est à vous d’y penser. Vous pouvez ajouter coriandre fraîche ou en poudre, safran… C’est encore à vous de voir.
Voilà donc une idée pour demain, vous avez les paroles sans les images, ça doit être suffisant pour imaginer le plat.