Les joies de la ville.

De plus en plus ruralisé, si j’ose dire, le rural vous pousse à aller chercher en ville ce qui fait nettement défaut à la campagne. Le médical notamment. Vous en profitez pour faire le plein de médecine, histoire de vous rassurer pour un bon moment.

Il ne faut pas croire que tout est rose non plus. On imagine se dépayser un peu, que cela va vous changer les idées et puis la moindre petite chose qui passe inaperçue pour le citadin, prend pour le pauvre paysan une importance démesurée au point de l’exaspérer. Il cherche le progrès et trouve parfois un recul surprenant. Surprenant ? Pas tant que ça, il y a à cela des raisons bien prosaïques, bassement terre à terre. Du moins, je le pense.

Je découvre sur une ordonnance que le médecin spécialiste m’a prescrite, une préparation totalement inédite pour moi. Je me rends donc dans une pharmacie -il y a pléthore dans la même rue – Les caisses sont nombreuses comme dans un supermarché, presque. Une jeune dame souriante m’accueille avec son badge bien visible. C’est une préparatrice. Tiens, ça tombe bien ! En lisant l’ordonnance son sourire s’évanouit progressivement :

– Ah ! On ne fait pas ça. Il faut acheter tous les produits séparément et faire la préparation vous-même.
– C’est compliqué ?
– Non !
– Donc pas besoin que je fasse des études de préparateur ? (Sourire de la dame) Alors ?
– Alors, la seule chose embêtante c’est qu’il faut deux grammes de poudre et nous ne vendons que des sachets d’un kilo
– Comment je pèse les deux grammes ?
– Avec un petit doseur…
– Donc, si je comprends bien, vous me vendez les produits en gros vrac et je me débrouille avec « cuillérine doseuse », pipettes et fioles ?
– Oui, c’est cela.
– Bien, j’ai tenu le coup jusque-là, je m’en passerai. Bonne journée Mme la préparatrice.

Comme je ne connais pas la raison de la non préparation, je suis bien obligé d’imaginer le motif. Dans de tels cas de figure, vous ne réfléchissez pas trop longtemps, il vous semble que c’est une raison bassement mercantile. Mobiliser une personne pendant une vingtaine de minutes pour une préparation qui coûte très peu d’euros n’est sans doute pas rentable. C’est mieux de tendre des boîtes de médicaments toutes prêtes sans discontinuer et sans trop s’absenter de la caisse. Ça doit être cela. Pourtant, il y a des moments pour les préparations ? En outre, on pousse la réflexion plus loin. Peut-être aussi que cette mixture n’est pas d’un intérêt suprême, d’une efficacité capitale et qu’on peut faire l’impasse sans trop de regret. On s’y résigne et on se demande si on n’a pas rêvé. Sommes-nous encore à jouer à la dînette comme des enfants ?

Un passage à la ville pour tant de déception vous laisse perplexe, n’est-on pas mieux dans son jardin à oublier tout ce qui peut advenir en prenant de l’âge ? Attendre que le mal soit bien avéré en espérant que, cette fois-ci, on se délocalisera pour du sérieux… Ce sera sans doute trop tard et dans ce cas, je préfère rester chez moi, le cimetière est tout proche.

Evidemment, lorsqu’on a l’impression d’avoir voyagé pour rien, on est déçu et on exagère, les autres s’en fichent et pensent sans doute : Ce ne sont que petites choses de la vie. Mieux vaut passer son temps à relativiser…

Mangez, bougez, préparez, pensez… c’est la vie.

2 Comments

  1. Bonjour,
    J’ai finalement trouvé une pharmacie qui a accepté de réaliser la préparation et cela a coûté beaucoup d’euros contrairement à ce que je supputais dans le texte. C’est encore plus incompréhensible… Je pense que c’est l’acte plus que les produits qui a boosté le prix très surprenant. Je n’y reviendrai pas une deuxième fois tellement l’effet thérapeutique me semble anodin et me conforte dans la deuxième supposition…Médicament non remboursé.
    Bonne journée.

  2. Et oui! Notre société est ainsi faite , le quotidien regorge d’anecdotes aussi aberrantes que celle ci! Et je suis comme toi, j’ai bien du mal à valider!!!!pffff

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