Fariboles.

Selon la longévité et les postes occupés, les politiciens trainent immanquablement quelques casseroles. Parfois, ils s’en trouvent affublés, à tort ou à raison,  histoire d’embrumer un peu leur parcours.

Si l’on en juge par la réaction aux accusations portées contre Dominique de Villepin, valises contenant de l’argent livrées en mains propres, on comprend mieux pourquoi il s’est défendu de « fariboles et écran de fumée ».

Qui se cache derrière l’écran de fumée ? A quoi va-t-il servir ? A l’anesthésier comme les abeilles pour le rendre inoffensif ? Nous ne tarderons pas à le savoir, sans doute.

Très à l’aise sur les plateaux de télé, ces derniers temps, moins soucieux, moins sévère, beaucoup plus hilare et facétieux, notre Dominique national a manqué l’occasion de nous faire une leçon de vocabulaire très riche en vocables. C’est surprenant venant de lui qui aime bien brandir son érudition.

En effet, « fariboles » était l’occasion d’évoquer la richesse de la langue française. Il y en a pour tous les états d’âme.

Affichant un ton excédé pour envoyer à la face de l’indélicat qui l’affuble de valises plus que de casseroles, il se serait écrié : « balivernes, sornettes, fadaises, bêtises, nullités, plaisanterie, amusette, futilités… » afin de remettre à leur place ses accusations fallacieuses.

Sur un ton plus badin, en prenant un peu de distance plutôt que s’empêtrer dans l’affaire, il aurait pu balancer quelques : « fumisterie, bagatelle, babiole, colifichet, broutille ou brimborion » comme s’il sortait de l’échoppe d’un antiquaire pour parler de choses de peu de valeur.

Pourtant, c’est avec bien plus d’emphase qu’on le verrait s’élever au rang de poète ou de l’érudition qu’il aime tant partager. On l’imagine facilement, le visage grave tendu vers l’interlocuteur pour mieux le fasciner : «  Quelles sont ces billevesées, ces coquecigrues que l’on agite au-dessus de ma tête ? Tous ces propos malveillants ne sont que calinotades et calembredaines, des propos extravagants, vides de sens que l’on enfle à mon endroit pour calomnier ! Je ne me laisserai point abattre, soyez-en assurés ! » 

Voilà le Dominique que l’on aime, celui qui porte les mots et les attitudes au rang de l’Histoire.

Voulant intervenir auprès du pape sur la question des évêques, Napoléon se montra enjôleur, bluffeur, théâtral, menaçant… Pie VII, affaibli mais lucide ironisait : « Comediante ! Tragediante ! » (Extrait de « mots historiques »)

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