Un sacré numéro !

Nous étions en pleine salade de tomates à la zinella. De l’oignon rouge, des concombres et de la bonne huile d’olive vierge de Tallano. A part, pour ceux qui aiment, des anchois allongés sur un lit d’ail écrasé, rafraîchi au basilic pour qu’ils dorment paisiblement. Des olives et encore un filet d’huile. Quelques brugnons coupés en deux, remplis de confiture de figues, flanqués de chiffonnade de jambon sec, un jalon de copeaux très fins de parmigiano reggiano… Les discussions allaient bon train comme d’habitude à cette heure un peu tardive du soir. Chacun racontait son histoire et ne se souciait guère des décibels balancés par les éclats de rire.

Il doit être un peu dur de la feuille, car ce brouhaha qui éloignait les chouettes ne semblait ni l’émouvoir, ni l’effaroucher. Il est sorti de sa cachette en se déhanchant, en rampant en bon reptile qu’il est. Sa seule préoccupation visait les nombreux papillons de nuit qui dansaient une sorte de disco autour du néon. Il avait un faible pour les plus petits. Il ne doit pas trop apprécier les gros dodus aux ailes étouffe chrétiens. Nous étions à table, il s’invitait à un autre festin à quelques dizaines de centimètres de certains convives puis regagnait son abri derrière les hortensias bleus. Ce soir, ses apparitions étaient plus fréquentes comme s’il s’était habitué à notre présence. Il semble en parfaite santé, l’endroit est giboyeux, très fourni en noctuelles. Pas un moustique dans les parages. Il s’en serait gavé. C’est plus rapidement et plus facilement avalé. Des croque en bouche ou des petits fours, des bouchées sans conscience comme on les engloutit vite fait dans les cocktails. En notre compagnie joyeuse, il se comportait comme un invité, allant et venant sur le mur pour saluer chacun des convives. Il marquait un temps d’arrêt au-dessus de chaque tête faisant mine d’entamer une conversation privée. En réalité, il finissait de mâchouiller, ce mouvement latéral de la mâchoire inférieure aurait inspiré un dialoguiste. J’en étais un et lui tirais quelques boutades :

  • Alors ça boume ?  Pas trop gênés par mes va et vient ?

Le plus étonnant dans l’affaire c’est que personne n’a sursauté ni déguerpi en le voyant se mouvoir nonchalamment. Bien au contraire, tout sourire et tout à sa surprise, chacun a dégainé son portable pour immortaliser l’apparition. Même pas peur des éclairs et des mouvements soudains. On ne voyait que des bras levés tenant photophones au-dessus des têtes comme des paparazzi à l’affût de la vedette nocturne.

Au retour des vacances, lorsque les nuits seront pluvieuses, les appareils brandis sous le nez d’un invité voisin, ressortiront ces clichés d’un soir à la Zinella.

  • Tiens, regarde cette bestiole, tu la connais ? Cherche bien !

  • C’est un lézard !

  • Non, c’était de nuit et il portait des ventouses aux pattes, pas de griffes, tu vois ? Il bouffait des papillons de nuit et nous de la chiffonnade de prizuttu !

  • Une tarentule ?

  • Quoi ? Tu rigoles, avec l’arrivée d’une si grosse araignée, y aurait plus personne à table ! Tu veux dire une tarente ?

  • Oui, c’est ça ! C’est c’la !

Sacré gecko, un drôle de numéro ! Il nous a bien amusés et n’a pas fini de faire parler de lui. Cet hiver, il sera encore la vedette dans les soirées, certains ont fait le plein d’images… Un souvenir amusant pour rappeler que la vie est belle comme  l’histoire simple d’une soirée conviviale. 

Images du gecko dont une où il semble se mouvoir dans un paysage lunaire.

 

1 Comments

  1. La présence du gecko atteste de la salubrité cordiale de l’endroit. Sa quête de pitance en présence proche d’humains est assurément une manifestation de mimétisme convivial. L’endroit s’y prête d’autant mieux qu’il a été conçu à cette fin, avec succès. Encore un poil de réchauffement climatique et bientôt des alligators remonteront depuis la citerne du jardin par delà le chemin pour barboter dans le seau à glace où le Tavel patiente. On en parlera longtemps.

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