Les stéphanocoques.

J’ai dû rêver, l’entrée di a Pignata était féérique.
(Cliquez sur les images)

C’était sans doute un jour béni. J’avais l’impression de franchir les portes de l’Eden en entrant dans l’espace réservé aux convives di a Pignata.

Imaginez une table où le repas se déroule à merveille. Les gens passent, vous saluent avec des sourires d’anges… Juste derrière vous, une discussion à bâtons rompus parvient à vos oreilles comme si l’on avait levé le son pour que les mots ricochent jusqu’aux tablées voisines. On entendait tout, sans tomber dans la moindre indiscrétion. Une personne paraissait suivre difficilement, la main constamment posée en guide-voix pour canaliser la pertinence des paroles jusqu’au fond du pavillon valide. Cette personne, apparemment malentendante, suivait péniblement le débat médical qui s’était engagé à sa table. Toute ouïe, tendue à l’extrême pour ne pas perdre une miette, elle entrait dans la discussion à la faveur d’une phrase parvenue sans encombre jusqu’à son entendement. Entre une tranche de coppa, et une rondelle de saucisson, on avait l’impression d’être dans un cabinet médical. Le diagnostic n’était pas très rassurant, l’infection résistait aux antibiotiques connus et pour cause les nouveaux assaillants étaient les stéphanocoques. « Quoi ? Des stéphanocoques ? D’où sortent-ils ceux-là ? » Fallait s’y attendre avec ces pesticides en tous genres, ce parabène et ces OGM.*

Généralement, les quiproquos sont monnaie courante lorsqu’on on est dur de la feuille, et plutôt amusants. Dans le cas du jour, c’était gravissime car une nouvelle génération de microbes venait de naître d’un malentendu. A l’annonce du stéphanocoque, ce fut l’hilarité dans le camp des convives à l’ouïe fine. Une bonne humeur qui se généralisa avec un rire tonitruant : celui qui venait de faire la découverte inquiétante se rendit compte instantanément qu’il s’agissait de simples staphylocoques. Simples, c’est vite dit car s’ils sont dorés, on ne sort pas toujours facilement de l’auberge.

Bref, figurez-vous que la discussion devait être bien suivie de la tablée voisine car le malentendant c’était moi et la scène décrite se déroulait à ma table. Vous avez bien compris que j’ai sauté sur l’occasion, réalisant instantanément la méprise, pour faire vivre une pauvre créature inventée de toute pièce. Je sais bien que les stéphano-quelque-chose n’existent pas et je pense avoir le goût des intrusions fulgurantes, le mot pour faire rire dit-on ordinairement.

La journée fut belle. Gaëtan était avec nous, plutôt ravi de ce retour en terre simonienne entre Aratasca et Pianu.

*Certes, ces exemples n’ont rien à voir avec la prolifération ou l’apparition de microbes nouveaux, mais c’est ainsi que le profane s’exprime en mélangeant causes et effets les plus improbables…

Annie et Gaëtan en plein débat médical.

2 Comments

  1. C’était une belle journée, même sous la menace de stéphanocoques. Une de ces journées où la confiance et le respect sont assis à notre table pour le meilleur profit des conversations qui font grandir, même les plus rassis d’entre nous. Bien à vous.

  2. Beaucoup de plaisir à lire sur ton blog. Les bons moments sont à prendre et restent toujours de bons souvenirs. Bises à vous deux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *