U buditu.

Ça va vite. Dimanche déjà, la semaine a filé comme une flèche.

Ce matin Anghjulu s’impatientait, il nous attendait pour midi. En arrivant sur le pas de sa porte, je me suis retourné pour figer le pan de Lévie visible de là, avec mon petit compact de poche qui ne me quitte jamais. Tout Cacareddu nous domine, rien n’a changé depuis notre enfance. Il garde cet air mystérieux dans sa partie supérieure couverte d’une calotte épaisse. Une chênaie, inextricable, que nous n’avions jamais osé explorer au-delà des premiers mètres et qui garde jalousement son secret.

La table était mise comme un jour de fête, c’était jour du seigneur. Comme naguère, presque endimanché, j’avais quitté mes effets d’un autre monde pour être présentable dans cet espace civilisé.

Dans le coin cuisine, « u buditu* » fumait à petite vapeur en attendant la fin d’une messe virtuelle. Dite et redite le temps de vider nos petits calices, des verres à pied recevant plusieurs fois le sang du seigneur. Dès le premier rouge aux pommettes, les lignes d’un autre évangile, qui passe et repasse le temps, animèrent nos crédos. Le « ite missa est » tomba naturellement, la messe était dite, il était temps de passer à table. Nous y étions déjà…

Retrouver les plaisirs simples fut un ravissement. « U buditu », je ne vais pas vous laisser mijoter plus longtemps, littéralement « le bouilli », n’est autre que le pot au feu et son bouillon agrémenté de vermicelles. J’ai bien reconnu plat de côtes et paleron mais point les pommes de terre qu’Anghjulu avait glanées en bêchant mon jardin. Elles étaient à la fois de bonne tenue à la cuisson, fondantes et goûteuses en bouche. Des tubercules plantés l’année dernière à la même période et qui sans doute s’apprêtaient à fonder un nouveau cycle.

Le vin rouge d’excellente qualité aidant, le temps passa trop vite, écourté avec l’arrivée de visiteurs inattendus.

Voilà encore des minutes envolées mais qui laissent quelques traces en fouillant le passé…

*U buditu = lire  « ou bouditou »
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