Planètes.

Me voilà de nouveau sur ma planète.
Comme pour saluer mon retour, il a un peu neigé sur la Tasciana juste en face de ma fenêtre. Son sommet est tout blanc depuis ce matin, les flocons ont profité de la nuit pour s’installer timidement.

Cette nuit a sans doute porté conseil aux suidés également. Les sangliers ont labouré le terrain sur toute sa surface ne laissant pas un demi-mètre carré en jachère. Un bulldozer n’aurait pas fait mieux sinon se montrer plus méthodique. Il n’y a plus qu’à semer pour avoir un peu de blé cet été. Ce qui est moins rigolo, c’est qu’ils ont aussi éventré le chemin sur toute sa longueur. Visiblement, ils ont suivi le trajet de l’herbe omniprésente entre les sillons vierges de tout végétal laissés par les roues des autos. Ils arrivent de la vallée presque chaque nuit alors qu’ils disposent d’un vaste territoire, probablement plus nourricier, avant d’arriver aux premières maisons. C’est un mystère, allez savoir ce qu’ils ont dans la tête… J’entendais toujours dire « il ne faut pas qu’ils prennent vent ». Les chasseurs savent qu’ils se méfient de l’odeur humaine que le moindre souffle porteur accompagne jusqu’à leurs narines humides d’une grande sensibilité. J’ai l’impression qu’ils s’en fichent désormais. Ils avancent tête basse, groin et défenses plantés dans le sol soulevant des bandes continues de gazon naturel, plus ou moins longues, jusqu’à ce qu’ils découvrent bonne racine à croquer ou quelque gros lombric à avaler. Puis repartent en labour comme un soc redoutable mû par une force devenue insouciante, indifférente à toute présence humaine. C’est tout juste s’ils ne vous rigolent pas au nez. Ils ne savent pas ricaner, ils grognent et parfois signent leur œuvre d’une écriture illisible mais que l’on finit tout de même par deviner. On trouve souvent un petit mot bien en vue, en corse s’il vous plait : « Vultarèmu !» (Nous retournerons). Vous avez remarqué le point d’exclamation ? Les plus déterminés ne l’oublient jamais et ceux-là se reconnaissent à leur paraphe. Le plus déterminé c’est « Magnonu » (gros mangeur) ou « Buliconu » (fouilleur embrouilleur), tous deux laissent leur marque à chaque fois, toujours prompts à se faire remarquer. Cette nuit, ils seront de retour sauf s’ils se souviennent qu’il n’y a plus rien à soulever. A moins qu’ils ne viennent pour remettre le terrain en l’état initial, piétinant proprement chaque motte afin de colmater trous et sillons creusés la veille. J’en doute fort, on verra bien demain.

Le ciel s’est voilé. L’atmosphère est propice à l’imagination. Je n’ai pas tardé à retrouver mes envies d’au-delà, prospectant l’Univers à travers les étoiles. J’ai facilement parcouru les années lumières pour me poser sur une planète étrange. Les végétaux qui ressemblent à ceux de notre nature ont une fonction bien précise que certains expriment clairement et d’autres de manière plus énigmatique. Les noix semblent représenter la Justice en ces lieux lointains avec leur balance à trébuchet. Les bogues de châtaignes présentent un masque de carnaval pas toujours rassurant. La rose blanche affiche un grand sérieux sévère, voire une grande inquiétude qui n’invite pas à aller voir si elle est éclose. L’iris en forme d’insecte semble dire que la place est déjà prise… Je n’ai pas eu le temps de visiter plus avant.
Ces premières images d’un monde mystérieux se sont affichées puis je me retrouve sur terre… quelqu’un tape à ma porte.

Sans doute un ami qui vient prendre de mes nouvelles. Plus de deux mois loin de chez moi, c’est long, inhabituel… totalement inédit, dans le sens nouveau, qui ne s’est encore jamais vu.

dsc_0004t-001 dsc_0019a-001 dsc_0051-001 dsc_1660-001Cliquer sur les images.

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