Fleurs de neige en plein été, un joli bouquet pour un jubilé.
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Jubiler vingt fois est un vrai plaisir. Si le jubilé est une fête qui revient tous les cinquante ans, par analogie du nombre, je fête ma vingtième fois cinquante textes dans mon blog, soit un total de mille. Et oui, ça fait mille, pile avec celui-ci !
Je pourrais, sans doute, ajouter d’autres jubilés éparpillés dans d’autres médias. Comme le pissenlit de Larousse, j’ai semé aux quatre vents sans être certain d’avoir apporté quelque chose à chaque fois, de temps en temps peut-être. J’ai « pamphlété » cent-trente-huit fois dans le Post avant qu’il devienne Huffington, chroniqué quatre-vingt fois dans lemonde.fr. J’ai galopé, trotté dans Paris turf, plaisanté dans Corse-Matin, collaboré avec Corse Net Infos. J’ai même figuré une fois dans un magazine féminin nommé Nananews. Bref, je me suis bien amusé, d’autres diront bien étalé, c’est leur affaire.
Pour le millième texte donc, je vais vous faire un petit cadeau en vous racontant une histoire comme on savait les inventer dans les années cinquante/soixante dans nos quartiers. Une histoire que l’on disait vraie, probablement façonnée pour meubler les longues veillées d’hiver comme le fut l’histoire de ma Zinella pour ceux qui la connaissent. Qu’importe si tout est frelaté faisons semblant d’y croire.
Cette histoire, vous l’avez peut-être déjà lue, je sais qu’elle figure quelque part dans ce blog, ce sera l’occasion de vous rafraîchir la mémoire ou simplement la découvrir.
C’est l’histoire du pou, di u pidochju.
Cette année-là, les poux sévissaient dans les chaumières. On ne parlait que de cela. Le peigne fin qui allait de tête en tête, semblait plus ensemencer les crânes que les débarrasser des tenaces parasites. Je ratisse chez toi et je passe l’animal au voisin. Bref, l’épidémie était sans précédent et les poux gros comme des veaux, disait-on. Il devait y avoir à boire et à manger dans les chevelures.
A quelque chose, ou à quelqu’un, malheur est toujours bon. Un homme du voisinage devait aller à Porto-Vecchio faire des courses en taxi et l’argent ne prospérait pas comme les totos sur les têtes. Il eut une idée de génie et s’en alla parcourir les foyers pour porter la bonne nouvelle. Il annonçait dans les familles qu’un médicament miracle venait de sortir et qu’en avançant l’argent, il irait à la pharmacie acheter pour eux le précieux remède. C’est toujours dans ces moments douloureux que les pièges fonctionnent le mieux. Il récolta donc suffisamment de sous pour compléter ses achats.
A l’époque, on trouvait facilement dans les décharges des fioles avec compte-gouttes. Il suffisait de laver et d’enlever l’étiquette pour que le flacon soit à nouveau opérationnel. Pour pimenter l’histoire, certains disaient qu’il les remplissait d’eau légèrement teintée, d’autres, d’un liquide peu avouable…
A son retour de la ville, il remit à chacun le flacon tant attendu en ajoutant : « Il parait que c’est radical. »
Un vieux monsieur qui n’en pouvait plus de se gratter la tête avait passé commande aussi. Lorsqu’il reçut la précieuse mixture, il s’inquiéta qu’il n’y eut point de notice :
– Comment, ça fonctionne ?
– C’est simple, lorsque tu sens que le pou se déplace, tu l’attrapes entre le pouce et l’index, tu attends qu’il ouvre la bouche et à ce moment, tu en profites pour lâcher une goutte, une seule suffit. Tu verras c’est radical.
Furieux, le vieil homme s’écria :
– Tu ne pouvais pas me le dire avant ?
– Et pourquoi ?
– Parce que si je l’ai entre les doigts, je l’écrase avec les ongles, je n’ai pas besoin d’attendre qu’il ouvre la bouche, ni de tes gouttes miracle !
Voilà ce qui se racontait les soirs d’hiver devant la cheminée. Les veillées étaient longues en attendant le sommeil et l’histoire s’étirait comme un élastique pour accompagner le temps.
C’était, un jubilé bien sonné… Aujourd’hui, un remède dit RADICAL pour POUX et LENTES existe en petit tube biberon, point besoin de bercer le pou avant de le nourrir à la tétine… il parait que cela ne marche pas non plus. Le temps passe et les parasites sont toujours au rendez-vous, on n’arrête pas le toto même avec le progrès. Quant aux lentes, comme leur nom l’indique, elles ont tout leur temps.
En route pour le vingt et unième jubilé.
Bien à l’abri des poux.
Pour le plaisir.
Et on jubile
et on s’enchante !!
Merci Simon pour ce texte jubilatoire