Avec les procès qui s’annoncent, on imagine sans mal une atmosphère de corrida. Affaire de vocabulaire semble-t-il ?
La Lidia, manière de combattre le taureau, ici l’accusé, avec muleta effets de manche, faena, passes et ruses en tous genres pour que le banderillero entame l’affaiblissement du prévenu afin que le matador chargé de la mise à mort de l’animal porte l’estocade finale vers la condamnation, rapproche prétoire et arène. (Ouf !)
Pour que l’effet soit complet afin d’impressionner encore plus les jurés, il ne manque que la coleta, petite tresse postiche de cheveux, la montera, coiffe de matador et les zapatillas, escarpins noirs sans talon, facilement escamotables sous la robe noire…
Le taureau, coupable ou innocent, est dans le prétoire sous les caresses ou les banderilles des avocats de la défense ou de l’accusation.
Il y a des mots qui parlent tout seuls, leur définition est évidence. Lorsque l’on parle de bonimenteur, c’est menteur qui frappe l’esprit et si l’on occulte le « i » c’est bon menteur qui s’impose. Bonimenteur et menteur s’accoquinent mécaniquement par association d’idées.
Le vocable « avocat » appartient à cette catégorie. Il évoque « à vos cas », c’est-à-dire « adaptez-vous » à la situation qui se présente. Par principe, le plaideur est « ouvert » à tout…
En poussant la porte du cabinet d’un défenseur, le plaignant devrait penser que celui qui deviendra peut-être son sauveur aurait pu être son bourreau si la partie adverse avait eu la mauvaise idée de se trouver là avant lui.
La profession est utile et nécessaire, chacun a droit à la défense et la société a le devoir de veiller à ce droit. Pourtant, il va falloir friser l’immoral ou l’amoral chaque fois que la plaidoirie aura besoin de fallacieux pour certaines orientations. Les mots et les faits vont être « tordus » dans le sens qui arrange, y compris celui qu’ils n’ont pas. Le but du jeu c’est de gagner, et ce face à face n’est pas une « communion » par essence mais bien un poker menteur sans cartes sur table pour un banco.
S’il était un animal, un avocat pourrait s’appeler un « avocaméléon » qui s’adapte, le temps de connaître son client et prendre la couleur locale de son histoire… Un autre jour, ce sera une autre aventure, un autre mimétisme. De plaidoirie bleue en plaidoirie rouge, l’homme devient chamarré, il reste à espérer que cette déformation imprimée par la fonction ne déteigne sous la robe noire…
Enfin je tenterais une définition : l’avocat est une personne double face, en attente. C’est un personnage pile ou face qui vit constamment sur la tranche avant de savoir de quel côté tomber.
Alors, la robe de jais est-elle un habit de lumière ?