En me souvenant, incidemment de l’existence de cette forte tête, « forte gueule de la bohème parisienne » comme il était souvent qualifié, je suis retourné à sa rencontre pour me rafraîchir la mémoire.
C’est à la faveur « du mouron pour les petits oiseaux » que je me suis remémoré « ballade du Roi des gueux ».
Une langue vivante, dit-on, se modèle et évolue avec le temps, avec l’âge.
Elle évolue mais ne s’enrichit pas forcément. Elle change, elle s’adapte à l’air du temps et peut même se vider de ses meilleurs mots. Des mots que l’on traîne comme des boulets et que l’école largue au passage pour alléger son enseignement. Seuls quelques initiés isolés s’en délectent encore… cette espèce, aussi, semble en voie de disparition.
Mon retour vers la fin du XIXe début XXe siècles à travers le poème de J. Richepin, me plonge dans la richesse du vocabulaire de l’époque, sans doute tombé en désuétude ou passé dans les oubliettes de nos jours.
Certes, de nombreux auteurs plus connus font largement l’affaire, mais pourquoi ne pas rappeler l’existence de cet obscur personnage ? C’est toujours bon à savoir pour sa propre gouverne.
Dans sa ballade des gueux, il parle des clochards, des mendiants, termes moins à la mode, gentiment appelés SDF ou « sans abri » de nos jours. Les temps et les mentalités changent, on croit adoucir les mœurs en customisant les mots.
On y rencontre « claque-patin » ou claquepatin, miséreux dont la savate claque contre le talon.
Puis, le « clampin » soldat retardataire, ou simple boiteux voire un paresseux.
L’hurlubier ce vagabond des grands chemins et le traîne-cul-les-houssettes dont le fond de culotte tombe sur les talons. Et puis loupeur, marmouset et marmousette, sagette et momignard… des mots d’un autre temps mais si parlants encore, lorsqu’on en connait la définition.
Si cet article a pu intéresser une poignée de lecteurs, tant mieux, s’il a généré l’ennui, que J. Richepin aille au diable, lui qui a été si dur toute sa vie.