Le jour tardait à se lever.
Il faisait la grasse matinée presque obligé, dans un grand molleton posé au fond du val.
La brume s’éternisait, cherchant nonchalamment à s’évader vers les collines.
Un lent mouvement fumeux humide mais sans aucune âpreté, semblait grimper à flanc de côteau, se relâchait et replongeait vers la vallée. Une longue valse hésitation à deux temps flânait sous mes yeux.
J’avais l’impression que le paysage ensommeillé allait persister toute la matinée, mais la météo annonçait la levée de la brume pour faire place à un grand soleil.
Je savais et j’attendais.
J’étais assis devant la croisée de mon observatoire et comme souvent, les matins d’hiver, je cherchais la vie dans l’althéa et le noyer qui font face à ma fenêtre.
Je n’ai pas attendu longtemps.
Contrairement à ses habitudes matinales, rageur et criard, le geai s’était posé sur une branche et scrutait les environs dans un silence d’église avant la messe matinale.
D’abord en ombre chinoise, silhouette noire charbon, une légère éclaircie dévoila le bleu de ses rémiges. Le temps de cligner des yeux, l’azur profond s’évanouit aussitôt.
Je sais ses couleurs, impossible de le confondre avec le merle, son bec de corvidé visible de profil trahissait son identité.

Dans un coin du ciel, le soleil scié en deux par la brume facétieuse, cherchait à se montrer sans jamais s’éclipser vraiment.
Mon abat-jour en demi globe se mirait dans la vitre et jouait à Phébus vaguement endormi.
Je profitais de cette vision inattendue pour composer mon image avec un fond de malice à partager.
Qui, d’entre vous, avait dévoilé ce mystère en regardant le cliché ?
Voilà comment, un vague oiseau matinal et une lumière qui s’affadit sur une vitre composent une illusion pour faire voyager un imaginaire toujours fécond…