Dans la nuit de la Saint Sylvestre c’est l’allégresse.
On traverse le gué qui mène d’une année à l’autre, un peu pompette, un tantinet en goguette.
La vie est belle, baignée dans les bulles.
Bonne Année, Bonne Année, crie-t-on dans les rues et les chaumières.
Engouement éphémère, quelques soubresauts durant une semaine, les restes d’une mémoire collective du temps où la joie, malgré la dureté de la vie, était encore de saison, de raison, le mois de janvier passant.
Le paradoxe d’une nuit de liesse artificielle récapitule toutes les turpitudes de l’année écoulée et de celles à venir.
Dans l’allégresse, on régresse, on agresse… le monde joyeux est en détresse.
On crie, on chante, on saute, on croit que tapage est bon adage, on en fait grand usage :
Tchin tchin ! Bonne Année, Bonne Année ! Bonne et Heureuse ! Tous nos vœux ! Paix et santé, surtout !
Tout y passe, toutes les utopies réunies en une seule nuit.
Toutes les faiblesses de l’humain rassemblées jusqu’au lendemain.
Le réveil est difficile, il faut se rendre à l’évidence, on n’est plus dans la danse.
Le quotidien nous rattrape, il faut se garder à droite, se garder à gauche, fermer ses portes à clé, dormir les yeux ouverts, se méfier des gouvernements…
Encore quelques froids, quelques neigées, peut-être, et puis le soleil reviendra.
Les arbres renaîtront, la nature refleurira, la bonne humeur reviendra.
Une année passe vite finalement.
Heureusement, il est temps de rappeler :
Bonne Année Bonne Année ! Et tout recommence.
Dure réalité, après quelques bonnes années passées, c’est déjà le bout du chemin…
Il est temps de franchir l’autre gué, la dernière traversée qui mène à la rive où l’on oublie toutes les bonnes et heureuses.
Hâtez vous de vivre, je vous souhaite encore plein de choses et bonne santé surtout.
Quelques ânées d’ans, il n’en est point autrement, brûlent vite !
Comme le bois de chauffage, s’en vont en fumée.
Dépêchez vous, elles vont filer !
Hélas, il parait que notre vie dépend beaucoup des autres…