Le philosophe des sciences, Gaston Bachelard, avait pris l’habitude de parler du spectacle de la nature.
C’était finement observé car il s’agit bien d’un spectacle interprété par l’humain.
Lorsqu’il ne prend pas de recul pour observer les choses de ce monde, l’homme pense savoir alors qu’il croit.
Il use et abuse de l’égocentrisme, pratique l’anthropomorphisme, c’est à dire qu’il interprète les choses à travers le prisme humain, sans se décentrer, sans chercher à comprendre plus loin.
Il s’accommode du réel avec un éclairage fantaisiste qui le satisfait dès le prime abord.
Voici un exemple assez courant.
Au début du printemps, on observe dans la nature, sur des plantes jeunes encore tendres, au sommet des pousses nouvelles, des dépôts de bave semblable à celle de l’escargot. Neuf personnes sur dix vous affirmeront qu’il s’agit bien de bave de limaçon sans jamais se pencher sur la réalité.
Gaston Bachelard précisait : « Il n’y a de science que du caché« , le savoir se tapit au cœur des choses.
Fouiller dans « le caché » demande un effort particulier trop souvent négligé.
Cette bave dite crachat de coucou car on la découvre à la période du chant de l’oiseau à l’entrée du printemps est qualifiée d’Ecume printanière, aussi.
Cette écume est générée par la cicadelle spumeuse pour protéger ses œufs puis ses larves qui se développent dans cette mousse blanche à l’abri des prédateurs et respirent l’oxygène emprisonné dans les bulles.
Cet insecte presque minuscule, suceur de sève grâce à son rostre, est une sorte de parasite.
Il n’y a de savoir et de science que du caché, il suffisait d’observer de plus près pour s’en convaincre et découvrir la réalité.
Cette démarche dite d’esprit scientifique est peu répandue, l’est encore moins de nos jours où l’on passe sans regarder autour de soi, l’œil constamment rivé sur le portable.
Plutôt que favoriser un monde de plus en plus éclairé, le progrès semble nous fermer des horizons, réduire le « penser par soi-même » en absorbant du tout cuit…
Notre pays que l’on disait éclairé, pays des lumières tend à devenir celui des lumières éteintes.
Que c’est triste pour l’humain qui parcourt sa planète, traverse sa vie, affublé d’obscurantisme.