Parini foli. 4

Je me suis souvent demandé pourquoi les maîtres d’école, les maîtresses n’agissaient pas ainsi, avaient un penchant pour les sketches en se moquant des élèves en difficulté.
Cela les amusaient-ils ou voulaient-ils amuser la galerie ?
Sans doute les deux.
Pourtant, bien souvent, ils étaient d’excellents instituteurs et obtenaient des bons résultats, j’en suis un exemple puisque je galérais durant ma période de primaire.
J’ai échappé aux quolibets, je n’ai pas souvenir d’avoir été moqué une seule fois. Bien au contraire on me protégeait, on s’intéressait à mon cas, sans doute à cause de mon handicap auditif. Vous imaginez facilement que j’ai dû être le roi du quiproquo en répondant souvent à côté de la question.
Rien, aucun mauvais souvenir, j’oublie facilement les mauvais passages surtout maintenant, devenu adepte de la résilience puisqu’il ne sert à rien de broyer du noir à quelques petites encablures de la nuit profonde qui nous attend et dont personne ne sait rien…

Voici une anecdote qui est un classique du genre, très connue dans le village, et pourtant, on ne se lasse pas de la raconter.
L’enfant concerné, dont je tairais le nom, avait du mal à mémoriser les récitations. Il devait apprendre un extrait du Cid et tardait à l’assimiler. Le maître était patient et lui laissait le temps de digérer.
Un jour, l’élève, persuadé de tenir son morceau de classique cornélien, se retrouve au tableau.
Pour agrémenter le récit, le maître théâtralisait, cela facilite la mémorisation.
Voilà notre acteur débutant face à l’enseignant qui lui fait signe de démarrer.
L’enfant fait un pas devant le maître :
– A moi comte, deux mots, me connais tu bien qui je suis, moi Don Diègue ?

A cet assaut, l’instit tapote l’épaule de l’élève et lui dit :
– Ie, ti cuniscimu abastanza, ùn se u fidolu di… ?
(Oui, on te connait bien, tu es le fils de…)
Evidemment, comme au théâtre, hilarité générale dans les travées.

Je suis tellement imprégné de ces historiettes que cet humour nustrale (de chez nous) m’habite définitivement.

Un jour, une maîtresse me parle d’un enfant qu’elle trouve bizarre. Il ne comprend rien, disait elle.
Il était au CM2, je ne travaillais qu’avec des enfants de CP et CE1. Elle me montre un exercice dans lequel les élèves devaient ajouter un complément circonstanciel de temps.
La phrase minimale était celle ci :
« Le soleil se couche derrière la montagne » et l’enfant avait écrit « Le soleil se couche derrière la montagne à quatre heures du matin« . Curieusement, il faisait peu de fautes mais c’est son entendement qui clochait, il était coutumier de ces effets de surprise.
Nous étions à Versailles et instantanément la vision du maître de nos anciennes écoles m’apparut et riant tout seul, j’entendis :
– Alora, s’hè chjinatu tardi e a matina s’hè pisatu insunnaghjitu !
(Alors, il s’est couché tard et le matin, il s’est levé ensommeillé)

Voilà comment on est contaminé par les sketches scolaires de notre enfance.
Evidemment, la maîtresse croyait que je riais à la lecture de l’exercice, elle était loin de se douter que j’imaginais « una fola », une faribole comme celles de notre jeunesse…

2 Comments

  1. Salut Simon,
    Je connaissais bien sur cette histoire, mondialement connue comme tu dis, mais pas exactement
    dans les mêmes termes.
    P disait « sais-tu bien qui je suis moi? »
    A quoi monsieur B répondait « un à sapemu ché troppù ô asinien »
    Toujours dans la même version la tape sur l’epaule était remplacée par un formidable coup de pied au derrière. Quand à la suite « se ù fidolù di » elle a probablement été ajoutée par les mauvaises langues car le maître ne pouvait pas ce permettre d’être aussi irrespectueux avec les parents.
    Quelle année la photo ? Je ne reconnais personne. Peux-tu éclairer ma lanterne?

    1. Bonsoir Francis,
      Les versions sont nombreuses, c’est le propre de la transmission orale.
      C’est l’esprit qui importe, je laisse les coups de pied et de férule de côté.

      Aucune idée de la date de la photo.
      On y reconnaît, outre M. Beretti, Roger et Rocco Nicolaï les cousins, à gauche, Popol di i Capi Bianchi à droite, Zézé… Antoinette de Coco (de Peretti), je ne les reconnais pas tous.
      Des personnes autour des 90 ans aujourd’hui…

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