La libre pensée.

La pensée peut-elle être libre ? Totalement libre ?
Nous avons tous une histoire qui estampille notre vie.
Le penser par soi-même est conditionné par le vécu, peut-il être totalement libre ?

Il existe sans doute un espace de liberté de penser si l’on s’affranchit de l’idéologie qui, comme gentil n’a qu’un œil. L’idéologie propose une vision univoque prête à l’usage. Une vision orientée, d’emblée tracée, qui ne laisse aucune latitude à l’esprit libre, d’envisager d’autres horizons. Aucune analyse détachée, désencombrée de toute influence extérieure.
C’est quasiment de la mathématique, on applique un postulat posé comme base absolue.
Calquer sa pensée sur une voie déjà tracée, c’est rentrer dans un moule formaté, conçu par d’autres.

Je ne me pose plus ces questions. Elles conduisent à penser que quoi que l’on fasse, rien n’est totalement le fruit de la liberté.
Je constate, ne cherche plus à comprendre le pourquoi, je m’intéresse au comment.

Les paréidolies en sont l’illustration parfaite. Ces visages que l’on voit dans les nuages, à la périphérie d’un rocher sont imaginées sur de l’existant puis mêlées par l’esprit fragile à du déjà connu.
Est-ce vraiment un message de la nature ou l’humain qui pratique l’anthropomorphisme à tout va ?
Un humain perclus de persuasions en croyant que son interprétation est bien du réel et du vrai.
Une croyance.
En regardant, l’image en titre, on se demande :
La nature est-elle géomètre ?
En toute conscience ou sans le savoir ?
Est-ce l’homme qui interprète et la croit ainsi ?
Sans doute, croit-il, car il faut avoir connaissance de la géométrie pour penser symétrie.
La nature est ainsi, géomètre et ignorante à la fois. Elle ne sait pas qu’elle construit des systèmes, elle est le système, elle est nature naturante sans calcul, sans états d’âme, elle est l’unité, le tout, et tout à la fois.
Je ne cherche plus à comprendre, on ne peut comprendre qui fait la sourde oreille et ne dit rien.
Sur ma route, je chemine allègrement, je mesure la chance que j’ai de profiter du meilleur de ce monde. Je vais joyeusement car bientôt, un bientôt dont on ne sait l’arrivée, surgit toujours trop tôt.
Chercher à comprendre l’inaccessible est peine et temps perdu, un plaisir ôté au vivre.

Les entraves qui brident la pensée, je les ai relâchées, distendues, limitées au possible.
Je vole, je m’envole, je plane à ma guise, sans illusion, pour éviter de me perdre dans le flou…
Je m’en fiche, je m’en fous, je m’enfloue ! Et donc, je vis.

Croyez vous, en voyant cette image (paréidolie) que la nature nous fait un clin d’œil ?
Devant un autre rocher ordinaire, qui ne ressemble à rien, un extraterrestre y verrait peut-être une figure de sa planète.
On n’en sait rien mais on croit volontiers que des messages nous sont adressés, on noie sa liberté de penser.
Plus rien d’autre ne s’offre à nous que destin, un avenir déjà construit, un chemin déjà tracé.
Quelle misère !
L’eau est un miroir, l’égocentrique pense qu’elle lui enseigne quelque chose alors que c’est lui qui interprète une vision. Les choses de la nature, en soi, n’ont aucune intention. L’homme fait parler le réel croyant recevoir des messages, ses désirs lui viennent du silence. Il ignore que ce silence est le producteur de ses envies… Il continue à croire.

Anecdote :
Un jour un bouliste jeta ses trois boules au sol, puis émerveillé, me dit :
– Tu as vu, elles forment un triangle !
Il venait de découvrir, sur le tard, qu’en reliant de lignes droites trois points non alignés, on obtenait un triangle.
Il était très étonné et d’un coup se découvrait mathématicien, se croyait géomètre avec ce message venu d’ailleurs…
Il avait raté l’école, le Pythagore des triangles rectangles, un parfait inconnu.
Par une sorte de révélation soudaine, il s’enthousiasmait de sa trouvaille.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » notait Gargantua dans une lettre adressée à son fils Pantagruel. (Rabelais)
Voltaire nous rappelait : « Si les triangles avaient un dieu, ils lui donneraient trois côtés » et j’ajoute ma touche personnelle :
Il serait équilatéral de surcroît, le triangle parfait.


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