« Hé ! Cool ! Viens avec nous, te prends pas la tête. Et quand ça tombera, tu ne verras rien venir ! »
Paroles de caprins et de porcins.
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Que voulez-vous que je dise de mal à ce sujet ? Rien. Surtout que cela se passe à l’école.
Je pense que le monde est devenu fou au point d’organiser des journées particulières pour rappeler aux vivants qu’une vie ça se vit sans forcément taper sur le voisin.
L’idée qui m’a traversé l’esprit, malgré la gravité de l’évènement, est beaucoup plus légère. Je me disais que si l’on poursuit ainsi, avec toute sorte de journées à rappeler les choses élémentaires de la vie, nous n’aurons plus assez des trois-cent-soixante-cinq jours de l’année. Et que certains rappels ne reviendraient plus que tous les quatre ans comme les jeux olympiques.
Les choses importantes de la vie sont légion. Toutes ou presque méritent qu’on s’y attarde un peu car on y trouve toujours une facette recommandable ou sur laquelle porter un plus d’attention.
J’imaginais pour trouver quelques exemples futiles, en apparence seulement, une journée de la sieste en plein mois d’août. Un rite proposé au plus grand nombre pour, au final, faire d’une pierre deux coups. Ceux qui dormiraient rechargeraient leurs batteries avec un repos bien mérité pendant que d’autres, les insomniaques, chargeraient leurs sacs à dos de montres et autres bijoux. Un effet pervers qui ferait de ce jour une journée philippine, celle des ronfleurs qui ronfleraient assez fort pour couvrir les bruits des cambrioleurs.
Le jour de la Saint Louis, patron des coiffeurs, on pourrait doublonner avec la journée des merlans* qui, ce jour-là, raseraient gratis à condition que l’on invente, en retour, la journée des tondus. Ces derniers devant casquer à leur tour.
Tiens ! Que diriez-vous d’une journée Robinson ? Ce jour où les gens s’isoleraient dans un coin de leur appartement, de leur jardin ou ailleurs à défaut d’île déserte ? Sans manger et en buvant très peu afin de se purifier le corps comme l’esprit. Dans ce cas également, certains inventeraient le pendant, la journée des piliers de comptoir. Le monde affluerait dans les bars pour faire le plein et soutenir ceux qui culpabilisent de trop consommer au quotidien.
Moi qui fréquentais l’église de mon village durant mon enfance, je trouve triste de voir ces lieux de culte déserts presque abandonnés. Un coup de boost avec le jour des curés ne serait pas mal non plus. Chacun ferait l’effort de venir occuper une place face à l’autel pour prier ou juste participer sans trop se faire prier. Un beau jour de solidarité entre croyants, agnostiques et athées, la paix dans les esprits. Il ne resterait plus qu’à trouver une fête pour les non-croyants.
La plus suivie de toutes serait à mon avis la journée de l’amour. Dans sa chambre, en bagnole, dans les prés, à l’hôtel, au bureau, dans une cave, en avion… Et chacun se verrait offrir ce jour-là, la version originale et complète du Kâma-Sûtra. Les plus pressés obligés de porter leur contribution n’auront certainement pas le temps de renter dans les détails du livre des plaisirs. Ils auront juste le loisir de jouer au missionnaire d’un instant. Gageons que nombreux seront ceux qui voudraient que ce jour enchanté revienne plus souvent avec des variantes.
Vous voyez, on n’en sort plus. Pourtant j’ai tout fait pour le sourire et que cela soit fort sympathique pour tous. Quoique, il reste une solution plus simple. Et si l’on créait la minute de… au lieu de la journée ? Ce serait plus abordable, facile à caser et l’année aurait suffisamment de place pour satisfaire tout le monde. Ces minutes seraient mobiles et fourguables à tout moment en cas de besoin.
J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop pour tant de légèreté. J’ai simplement voulu rappeler que ce monde est devenu fou puisque nous voilà obligés de rappeler des évidences. Il parait que lorsque cela va sans dire, cela va encore mieux en le disant. Misérables !
Et des rappels au bon sens, il en vient de plus en plus souvent. Un bon sens que l’on disait si bien partagé et désormais en voie de disparition…
*Merlan. Pour ceux qui ne le sauraient pas, outre un poisson, c’est aussi un sobriquet pour désigner un coiffeur.
Oui, c’est ben vrai tout ça, à vous rendre chèvre !