Infophages ?

Cliquer sur l’image. (Je n’ai pu écrire à la main suite à un dysfonctionnement de ma tablette.)21d1
Les infophages dont je parle sont en réalité des infauxphages. Ils ne sont pas consommateurs d’informations qui cherchent à décrypter ce qui se passe dans le monde mais bel et bien des oisifs qui lisent pour répondre à tort et à travers. Des frustrés qui trouvent un ring pour en découdre. Le texte est leur nourriture pour exprimer toute sorte d’insanités sur les réactions des autres lecteurs. Comme un effet ricochet, leur terrain de jeu est le commentaire qui rebondit sur d’autres commentaires jusqu’à ce que le moins tenace d’entre eux lâche prise. Une espèce de délinquance qui brutalise les infos et bat son plein en semant la zizanie dans les gazettes du web.
Les médias se sont multipliés à outrance, devenus incontournables, diffusant les nouvelles à grande vitesse sur la toile. Chacun y accède d’un simple clic et se croit autorisé à donner un avis sur tout ce qui bouge et ça bouge beaucoup. Les forums, innombrables, pourraient s’intituler « Monsieur, Madame vous avez la parole, n’hésitez pas, le ring est à vous ! ». Cette parole, ils la prennent volontiers pour s’exprimer – voilà le maître mot « s’exprimer » – sur tout ce qui leur passe sous les yeux, à proximité comme à des milliers de kilomètres…dans l’espace du côté de Pluton ou hors galaxie. Tout le monde sait tout sur tout. En un quart de moitié de tour voilà que leur opinion fuse. Pensez-vous qu’il soit nécessaire de connaître parfaitement toutes les données pour se faire une opinion ? Pensez-vous qu’il soit utile de tourner sa langue sept ou plus de fois dans sa bouche avant de balancer son avis ? Que nenni, ce serait temps perdu ! La vérité, chacun la connait et ce n’est jamais la même. En agissant de la sorte, l’idée se confirme, que de plus en plus, on écoute, on lit pour répondre et non pour comprendre.
Tous ces lecteurs sont à l’affût d’un évènement important ou banal pour sauter dessus à pieds joints puis tambouriner en sautillant comme des cabris. Ils traitent l’info sans vérifier l’authenticité des propos avancés dans l’article, pourvu que ça cogne. L’objectivité est le dernier de leurs soucis. La subjectivité agressive fait loi servant de défouloir aux plus aigris qui cherchent à imposer leur point de vue.
L’info est instillée en continu et nourrit sans cesse cette avidité créée de toutes pièces par ce que l’on nomme vulgarisation et que d’autres appellent démocratisation de l’info. On nage dans la confusion, dans un brouillard à travers lequel seuls les intervenants intempestifs y voient quelque chose de clair. Tout ce brouhaha verbal, mal véhiculé, mal maîtrisé, à l’expression très incertaine, finit par dériver en injures, en pugilats nourris de directs, de crochets et d’uppercuts gantés de noms d’oiseaux. Au bout du compte, une autre info survient et on repart à l’assaut en oubliant la précédente, bien tuméfiée, jetée aux orties, insuffisamment digérée parce qu’ils sont devenus des infophages boulimiques et déraisonnables. Dans cette boulimie morbide (maladie et non idée de mort) les plus assidus y trouvent leur compte et assouvissent leurs bas instincts. C’est la foire d’empoigne dans l’espace réservé aux avis. Des avis qui restent courtois dans certains médias généralement correctement informés et qui se déchaînent dans d’autres dont le contenu semble formulé pour provoquer la bagarre.
Tristes temps nés d’un effet pervers qui fait suite à l’ouverture inconsidérée des commentaires. Quand on sait que le débat contrôlé, bien encadré, n’aboutit jamais à une sortie de plateau bras dessus, bras dessous… on devine sans difficulté que la cacophonie des commentaires pléthoriques et sauvages va nourrir les snipers déjà en poste pour faire feu de tout bois, jamais dans la dentelle.
Ces snipers, qui n’ont rien d’une élite et font des ravages, pourtant.

 

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