La rivière au bord de l’eau.

Ces images m’ont donné l’idée d’une écriture peu commune, extravagante parfois, déroutante aussi. J’ai voulu par ces mots qui s’accoquinent mollement dire le spleen ambiant, montrer la déraison des temps que nous vivons…

Rivière au bord de l’eau, c’est beaucoup dire.
Quelques jours avant les dernières pluies, les ruisseaux des environs murmuraient à peine.
Comme une âme en plainte, quittant un corps agonisant, le torrent que je visite à plusieurs reprises dans l’année s’étranglait en sussotant puisqu’il ne pouvait même plus chuchoter.
De temps en temps, un petit glou-oup léger trahissait un étranglement entre deux rochers beaucoup trop massifs pour le filet qui se pinçait, se traînait sur ce parcours en avouant la pente avec une lassitude infinie.

L’eau faisait silence. Seul le courant d’air qui slalomait entre les troncs des aulnes, distribuait ses caresses au passage, osait à peine déranger la quiétude de ce tableau aux reflets d’un bleu très soutenu par endroits. Le ciel en profitait pour mirer son azur céruléen profond dans les flaques dormantes, assoupies, en attendant qu’une pluie venue des sommets redonne vie à la rivière.

J’imaginais les truites tapies dans les coins encore en eau, la bouche béante semblant murmurer une triste mélodie aphone. Un bâillement accéléré par mouvements saccadés de survie, afin que l’onde avalée à petites gorgées oxygène leurs branchies à minima.
De temps à autre, une grosse mouche non identifiée remontait le cours et croisait au passage de vagues papillons bruns butinant les dernières inflorescences de menthe sauvage.

Le paysage semblait se plaindre de cet état inhabituel, se morfondait dans l’immobilisme d’une tristesse infinie, à la prémonition cadavérique.

La nature, silencieuse et résignée, subissait l’immense détresse offerte par les temps modernes. Un univers glauque survivait péniblement, à court de respiration, suffoquait encore sous les restes d’une canicule en déclin.
Un tableau de désolation s’était dessiné tout seul par l’abandon progressif des acteurs d’une vie chantante.

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