Aujourd’hui, c’est la rentrée des classes, j’ai une pensée pour nos chers écoliers.
Dis moi comment on t’instruit et je te dirai qui tu seras.
C’est un peu présomptueux comme aphorisme mais, je n’ai pas su le formuler autrement.
J’ai été très surpris en arrivant dans une école où, j’ai moi même, créé la surprise.
Un jour, une maman vint à ma rencontre et me dit :
– L’année dernière mon fils ne me ramenait que des 18, que se passe-t-il ?
Avec moi, il ne ramassait que des 10/12 maximum.
En me penchant sur les résultats de l’année d’avant, j’ai remarqué que tous, ou quasiment tous les élèves, présentaient des notes canon.
Alors que se passait-il ? Etais-je juste, trop sévère ou à côté de mes pompes ?
Personne dans la classe ne pouvait prétendre au 18 si convoité car j’avais changé le mode d’enseignement. Lorsque les exercices étaient questionnaires à la réponse binaire oui/non, les miens demandaient plus de précision et un minimum de réflexion pour documenter un peu.
Savoir formuler sa réponse entrait en ligne de compte aussi.
Les enfants n’étaient pas habitués à ce système, ils cochaient des cases comme le poinçonneur des Lilas faisait des p’tits trous, toujours des p’tits trous, à se demander s’ils savaient s’exprimer à minima par écrit.
J’ai dû convaincre la dame, qu’avec moi, il faudra en montrer plus pour gagner plus. D’ailleurs la formulation de sa doléance trahissait un état d’esprit fermé sur la satisfaction de la réussite sans jamais s’interroger sur ces éternelles bonnes notes. On dormait tranquille en pleine béatitude.
Ces champions étaient des génies de pacotille, c’était évident et cela n’était point du goût de tous de se retrouver démasqué.
A l’usage, en cours d’année, revenu à la raison, ce monde admettait qu’il valait mieux réfléchir et documenter un peu, plutôt que remplir des cases de croix pour signifier un oui ou un non.
Lorsque j’étais au lycée, il était rarissime d’obtenir un 10/12 en philo ou français. On y laissait toujours des plumes en oubliant d’explorer certaines pistes. Notre argumentation presque univoque manquait d’air et d’ouverture. c’est ainsi que nos professeurs, à force de nous alerter sur nos visions étriquées ont fini par nous ouvrir l’esprit et nous former à celui critique.
Pour conquérir le fameux 18, rarement atteint, nous devions nous creuser les méninges encore et encore.
Une fois la bannière flottant bien haut nous devions nous rendre à l’évidence, ce n’était jamais totalement acquis, il fallait cent fois sur le métier remettre l’ouvrage.
L’ouverture d’esprit est une conquête permanente.
L’école n’est pas celle des fans de Jacques Martin où tout le monde récoltait un 10/10, elle est lieu d’apprentissage perpétuel, les enfants ne doivent pas en souffrir mais comprendre cette réalité.
A condition, bien entendu, de faire preuve d’humanité, cette pratique ne devrait effaroucher personne.