L’amour de la terre.

Images : Roger H.

Roger est un inconditionnel du potager.
Sa réussite au jardin est devenue légendaire, presque un pléonasme, on hésiterait à dire : heureux comme un Roger en son potager. Une nouvelle expression que ses amis Facebook, ou de vie, comprendraient instantanément sans chercher plus loin. Cela va de soi, il suffit de l’écouter parler de ses carottes, aubergines, tomates et salades pour s’en convaincre. Ses images jardinières sont aussi édifiantes.
Légumes racines, légumes feuilles ou légumes fruits, cucurbitacées, solanacées, rien n’est assez pour cet amoureux du fumier et du compost qu’il semble maîtriser à la perfection.
Je l’imagine avec une « paillette » – chapeau de paille – l’échine courbée, oubliant ses vieux os, désherbant, aérant, binant et chouchoutant… arrosant savamment.
Il anticipe volontiers, là où il pose une graine, il voit déjà la plantule, envisage la plante et sourit à la future récolte.
Lorsqu’il évoque la nature et plus précisément ses plantations c’est du plaisir qu’il sème autour de lui en même temps que ses graines printanières ou de fin d’été. On imagine facilement l’endroit potager prospérer à l’unisson de son amour jardinier.
Rien ne le décourage, il ne connait pas ce mot qui désarme.

Voilà pourquoi, cette écriture me fut facile, sans le connaître pour ne l’avoir jamais rencontré, tout me semble couler de source.

Cette année, j’ai senti un léger fléchissement presque une inquiétude, c’est la première fois. Son bassin est vide, son jardin souffre, il marque le coup.
Sans doute est-il le meilleur indicateur écologique de nos contrées, lorsque le potager de Roger vacille, le jardin des autres est à l’agonie.
Il va falloir tout revoir. Envisager double, triple ou quadruple paillage, stockage de l’eau de pluie mieux organisé, imaginer un circuit d’irrigation plus profond, peut-être revoir aussi le moment des plantations.
Bref, je ne suis point spécialiste, juste un jardinier du dimanche qui a créé son jardin en défrichant un coin de maquis… Mais n’est pas Roger qui veut, j’ai fait ce que j’ai pu, je crois que cette fois-ci, je rendrai les armes, c’est la deuxième année consécutive que je jardine sans rien récolter.
Mon enclos exposé au soleil brûlant du matin au soir sans connaitre l’ombre, concentre la chaleur du Sahara. Un désert facétieux qui pour nous rappeler à son bon souvenir, nous envoie plus souvent ses « coucou c’est moi », en nuées de particules orange.
Un concombre sur une dizaine de plants, une à deux tomates poussives par pied, des courgettes qui poussent en tétines de biberon, c’est mauvais signe, j’ai l’impression qu’elles réclament tétées et périssent sur pied, de sevrage.

Si Roger ne perd jamais espoir, je m’avoue vaincu par l’âge, la chaleur caniculaire, le manque d’eau, tout se conjugue pour aller vers le point final au jardin.
Je sais, cher Roger qu’on ne vous abattra pas pour si peu.
Si peu ?

Oui, moins que peu…


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