Il fut un temps…

…on nous apprenait à distinguer les mots.
A connaitre le sens propre des vocables, les nuances qui les habitent.
Croire et savoir, persuasion et conviction, mobile, motif et prétexte…
C’était riche et passionnant.
Riche car on allait à la découverte de pépites, on s’imprégnait de jus du savoir, passionnant car la découverte était perpétuelle, apprendre, encore et encore, était addictif.

Ce matin, je lisais un petit article écrit par un journaliste, sans doute formé à la va vite ou derrière les fagots.
Il titrait :
« Un homme trouvé mort avec une balle dans la tête »
Puis :
« Une enquête est ouverte pour connaître les causes de son décès ».

Trouver les causes de son décès eut été crédible si Dali au lieu des montres molles avait inventé les balles chamallows non létales.
Chercher le motif, mieux encore le mobile à l’origine de ce drame, c’était trop demander.
Le journalisme de précipitation vous mène droit dans le ravin.
L’ensemble eut été plus croustillant si notre chroniqueur de fortune avait eu la merveilleuse idée de citer M. de La Palice* en précisant que le cadavre trouvé au sol était encore personne bien vivante un quart d’heure avant l’acte fatal.

Si j’en ai l’occasion, je ne manquerai pas de mettre un cierge à Saint François-de-Sales, le patron des rédacteurs de gazettes.
Peut-être, au lieu de les louer tous, tirerait-il les oreilles de certaines de ses ouailles.

Par les temps qui courent, ça décline ferme, y compris dans les rédactions…

*M. de la Palice = M. de la Palisse, les deux orthographes sont tolérées.

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