Repères.

IMG_2404Un jour se lève et déjà, le crépuscule se devine en lui..
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Avoir envie de grands espaces a toujours été un mystère pour moi qui vis sur une surface très limitée, qui visite peu et donne l’impression de parcourir le monde.
Mes rêves me conduisent dans les grandes forêts canadiennes, au bord d’un lac ou d’une rivière. Egaré dans l’immensité des épicéas et des cèdres, je me sens encore plus petit, un minuscule bipède qui se demande combien de temps encore, il va passer inaperçu. Perdu au milieu de ce monde démesuré qui vous ignore, qui s’en fiche, capable de vous engloutir en un quart de seconde. Puisque là tout est gigantesque, je ne suis plus rien. J’ai perdu la peur et le frisson. J’ai perdu le rire et le sourire. C’est trop vaste, je suis infiniment petit. Les branches sont si hautes qu’elles ne me caressent plus au passage. Là-haut dans leur canopée, elles se serrent et masquent les étoiles. Il n’y a plus de nuages, pas un bout de ciel. Une absence de céleste qui fait oublier l’idée divine. Le diable aussi a disparu. Il a déserté depuis belle lurette. Il s’est enfuit, les contrastes se sont envolés avec lui.
Seul. Entouré de tout et de rien. Seul à en perdre le sens de l’existence. Seul en ayant oublié le pourquoi métaphysique. Que fais-je là ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Quel est le sens de ce temps qu’on me donne ? Je n’ai plus de sentiments, plus de réactions, prêt à être englouti par un animal sauvage. Il passe, il a faim, il chasse et me dévore. Comme ça, simplement puis il poursuit son chemin pour trouver une couche et dormir. J’ai disparu, sans souffrance puisque je n’ai plus aucun souvenir, aucune mémoire de rien. Infiniment petit, trop infiniment petit dans cette cathédrale de résineux qui prêche le trop vaste. Une démesure qui efface toute trace de soi.
Je suis un paradoxe. Bourré de vie parce que rempli de l’idée de mort. Je cherche l’autre et je vis seul. Je suis un solitaire qui fourmille des autres. Je suis heureux parce qu’on me croit triste. Je continue à remplir ma vie déjà bien pleine.
Mon chant est « encore, encore et encore !» pour que les gens y perdent leur latin. Pas ceux qui me connaissent, ceux qui me lisent peut-être et me trouvent curieux. Curieux je le suis. Recto et verso de ma personnalité. A la fois bizarre, obscur pas toujours compris, ouvert au monde pourtant. Ouvert et fermé à la fois mais l’œil vif. L’œil qui pétille à tout instant, l’œil qui sourit, qui invite, qui dit oui, qui dit non aussi…
Je suis rempli de vie comme un grand solitaire. Celui qu’on ne voit pas souvent mais qui se devine, qui s’imagine ou celui qu’on invente parce qu’on ne sait rien de lui, parce qu’on ne sait plus. Perdus. Peut-être celui qui agace, un fou, mais un fou bourré de logique. Un fou rationnel, un rêveur pourtant.
J’ai tout mélangé en moi et tout est à sa place. J’en fais ce que je veux, c’est pourquoi je m’amuse comme un éternel enfant qui serait devenu adulte. Un adulte enfant qui n’a jamais fini de s’étonner des jours qui passent.
Aujourd’hui, je suis sorti de cette immensité si pleine et si vide. Je flânochais dans les rues d’une ville avec mon petit appareil de poche. Je musais, j’ai vu des choses qui m’ont encore surpris. Je suis l’envie, c’est pourquoi je vis… comme un vieux solitaire heureux.
IMG_2367 IMG_2370 IMG_2388Le jour se lève… et déjà une odeur de brûlé.

 

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