Ha ! J’ai fini ma journée. J’ai hâte de coucher sans attendre ces pensées qui m’ont traversé l’esprit.
Tous les matins, dès que le temps le permet, je vais sonder ma pente que vous connaissez désormais. Je pioche et je pioche tel un Sisyphe qui aurait perdu son rocher et s’invente un nouveau mythe… tourne et retourne la terre sans fin.
J’aime ces moments entre moi et moi. C’est alors que je cogite le plus. La pioche, je ne la sens même pas, elle devient prolongement. Pourtant je ne suis plus en bon état pour ce genre d’exercice mais cela me plait et tel un stoïcien de la Grèce Antique, heureux dans le pire, je ne connais plus la douleur dans ces moments d’évasion. Les articulations subissent sans rien dire, chaque partie du corps se mobilise pour la même cause : permettre la méditation pendant que le corps se fatigue pour un repos bien mérité. Mais n’allez surtout pas croire que je tiens la ligne haricot vert. Non, je me porte plutôt bien comme on dit, ce qui n’est pas l’avis du médecin. Plutôt bien en chair. On n’est pas épicurien si l’on ne profite de tous les contrastes, de tous les contraires, de ces excès qui vous ballotent sur une montagne russe. Des hauts et des bas à successions soudaines et parfois brutales. C’est ainsi, j’aime les soubresauts. Le calme et la tempête comme les plaisirs d’ici-bas.
Mon esprit avait tout loisir de vagabonder et dans ces cas-là, il se promène dans le passé pour y chercher un peu de réconfort. D’ailleurs, il ne sait détecter que les bons moments, ces moments de plaisir et de sourire. J’ai cette faculté de garder la douleur du passé en filigrane puisqu’elle existe et nourrit mes contrastes mais je fonctionne comme un amnésique du mal pour ne pas l’infliger aux autres, cela me convient très bien. Aujourd’hui, entre deux coups de pioche et un ratissage, mon esprit circulait devant chez Barberine et Marianne, mère et fille. C’était un passage obligé pour aller chez mes grands-parents. Ces dames aussi, rayonnaient de bonté. Marianne que je n’ai pas revue depuis longtemps doit rayonner encore. Elles vous envoyaient des ondes positives et prenaient plaisir à discuter un instant avec vous. On devinait sans effort cette envie de partager un bon moment de vie sans malveillance. Elles vous demandaient de vous arrêter plus souvent, de venir vous assoir pour parler des choses simples de la vie.
Lorsque j’étais loin de chez moi, je travaillais à Versailles, elles étaient notre lien direct avec la famille en cas d’urgence. Depuis mon téléphone orange vif j’avais accès au téléphone noir qui servait de contact avec les miens. Généralement les mauvaises nouvelles circulaient du noir vers l’orange. C’est ainsi que j’ai appris le décès de ma grand-mère puis celui de mon grand-père sans passer par le petit bleu beaucoup plus laconique du genre « Grand-père dcd. Bises » (télégramme pour ceux qui ne l’ont pas connu). C’était un grand pas pour nous et l’occasion d’en savoir davantage.
Grand-mère, à chacune de mes apparitions, disait : « Tu es passé dire bonjour à Barberine ? » Elles habitaient à cinquante mètres l’une de l’autre, elles ne se voyaient pas souvent, elles avaient à faire et l’âge ne leur laissait plus grande mobilité du temps dont je vous parle. Je n’ai pas connu leur passé mais je devinais la réciprocité de leur attachement. En ce temps, point n’était besoin de faire du vent pour dire sa complicité. C’était une époque bénie où les personnes avaient une âme sincère et souvent sereine…
Il n’est pas toujours de bon ton d’entendre dire « Avant, c’était mieux ». Chaque époque a ses bons côtés et ses travers, c’est une lapalissade… alors, ce n’est pas une esquive pour échapper à la critique, je déclare : « Dieu que j’ai aimé cette époque, et que j’aime m’y replonger si souvent ! » C’est plus acceptable de le dire de la sorte.
Ainsi, mon âme qui va puiser dans le vieux temps reste perpétuellement jeune, fringante et vivante. Ce sont les racines invisibles parce que souterraines qui font le feuillage éclatant ou pas…
Une manière comme une autre de se ressourcer perpétuellement avec ce va et vient incessant entre passé et présent.
Photo: Marianne est derrière sa mère Barberine, la plus petite. Original détenu par Jacqueline Valli.
J’offre ces images d’orchidée sauvage de Corse et de giroflée égarée sous un ciste à Marianne, en souvenir d’une gentillesse qui n’a jamais failli.
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4 Comments
Mon cher Simon, quand j’ai lu ce texte me concernant, et surtout quand j’ai revu cette photo , j’ai été émue jusqu’aux larmes. Oui , comme tu le dis si bien , je le répète souvent ( c’était mieux avant) .Je peux moi aussi te rappeler que lorsque tu revenais du lycée tu t’arrêtais chaque soir pour dire bonsoir à ma mere . Quand à moi , je peux te dire que j’avais beaucoup de tendresse pour ta grand mere qui était une femme de grande qualité et je te dirai que lorsque arrivait le printemps les plus belles violettes de son jardin étaient pour moi . Simon ,malgre mon grand âge je n’oublie rien . Je t’embrasse affectueusement ainsi qu’Annie .
Bonjour Marianne (à travers la page de Bernard).
Ton témoignage est très précieux. Je crois que c’est la première fois que la personne concernée par le récit s’exprime à la suite du texte.
Nous sommes bien en phase et nos sentiments réciproques n’ont pas changé. Rien que l’évocation du printemps et des violettes du jardin nous plonge dans une autre époque, un autre état d’esprit. C’est très révélateur…
Merci Marianne, Annie se joint à moi pour t’embrasser affectueusement.
Vous ressentez et exprimez un peu la même chose que les personnes de notre age ont vécu et c’est très ressemblant a certains moment de mon passé, je n’arrive pas a m’exprimer comme vous le faite,mais j’espere que vous m’aurez comprise,vous savez moi aussi je dis c’était mieux avant,
En tout cas trés beau texte,comme dhabitude.
bonne soirée!!!!
Merci Hélène.
Ayant bien connu votre maman, je sais ce que vous ressentez à travers ces portraits. Pourquoi passerions-nous sous silence ce que nous avons aimé ? C’est une manière de sourire encore une fois à ceux qui ont fait partie de notre histoire.
Bonne soirée Hélène.
Mon cher Simon, quand j’ai lu ce texte me concernant, et surtout quand j’ai revu cette photo , j’ai été émue jusqu’aux larmes. Oui , comme tu le dis si bien , je le répète souvent ( c’était mieux avant) .Je peux moi aussi te rappeler que lorsque tu revenais du lycée tu t’arrêtais chaque soir pour dire bonsoir à ma mere . Quand à moi , je peux te dire que j’avais beaucoup de tendresse pour ta grand mere qui était une femme de grande qualité et je te dirai que lorsque arrivait le printemps les plus belles violettes de son jardin étaient pour moi . Simon ,malgre mon grand âge je n’oublie rien . Je t’embrasse affectueusement ainsi qu’Annie .
Bonjour Marianne (à travers la page de Bernard).
Ton témoignage est très précieux. Je crois que c’est la première fois que la personne concernée par le récit s’exprime à la suite du texte.
Nous sommes bien en phase et nos sentiments réciproques n’ont pas changé. Rien que l’évocation du printemps et des violettes du jardin nous plonge dans une autre époque, un autre état d’esprit. C’est très révélateur…
Merci Marianne, Annie se joint à moi pour t’embrasser affectueusement.
Vous ressentez et exprimez un peu la même chose que les personnes de notre age ont vécu et c’est très ressemblant a certains moment de mon passé, je n’arrive pas a m’exprimer comme vous le faite,mais j’espere que vous m’aurez comprise,vous savez moi aussi je dis c’était mieux avant,
En tout cas trés beau texte,comme dhabitude.
bonne soirée!!!!
Merci Hélène.
Ayant bien connu votre maman, je sais ce que vous ressentez à travers ces portraits. Pourquoi passerions-nous sous silence ce que nous avons aimé ? C’est une manière de sourire encore une fois à ceux qui ont fait partie de notre histoire.
Bonne soirée Hélène.