Il existe plusieurs sens à « cabale », je veux parler, ici, de la cabale au sens de science prétendue pour commercer avec les êtres surnaturels. Commercer, vous avez bien lu, il s’agit d’acheter leur clémence par des offrandes ou l’exhibition de signes cabalistiques destinés à favoriser leur bienveillance.
Avec la réussite au bac poussée à 80% et plus, on pouvait espérer un recul de l’obscurantisme. Il n’en est rien, l’esprit n’a pas évolué concomitamment, bien au contraire ces croyances occultes cohabitent désormais avec des « bac plus cinq »… J’ai vu des enseignants pratiquer des incantations sur des piqûres d’ortie. Chacun sait que l’effet urticant ne dure qu’un temps, imaginez les ravages sur un esprit en formation qui associe incantation avec guérison. On ne compte plus, dans certaines régions, les forts diplômés fermement accrochés aux grigris des temps modernes, et à l’association d’un détail physique pour expliquer le sexe d’un nouveau-né. Les exemples sont nombreux et quotidiens. La science avance à grands pas, et la croyance populaire semble, curieusement, évoluer du même pas.
Gaston Bachelard nous éclairait sur l’esprit scientifique, celui qui conduit l’homme à la connaissance, à la découverte. Il n’est effectivement pas à la portée de tous et résiste aux hautes études.
« L’esprit scientifique doit se former contre ce qui est, en nous et hors de nous, l’impulsion et l’instruction de la nature. »
Il faut donc lutter sur deux fronts pour accéder à la connaissance scientifique : lutter contre ce qui est en nous, l’anthropomorphisme, c’est-à-dire expliquer à partir de ce que nous sommes… Il n’est pas facile de se débarrasser des aprioris et de nos scories affectives ou psychologiques. Lutter, ensuite, contre l’instruction de la nature c’est-à-dire le spectacle qu’elle nous offre. Un clou qui rouille, une bougie qui brûle, un corps qui respire ont des apparences différentes et répondent pourtant à la même loi de l’oxydation lente ou rapide.
On comprend mieux pourquoi il est plus simple de prendre des raccourcis commodes pour expliquer un fait sans se prendre la tête. Mais il ne faut pas s’étonner, alors, que la tête soit bien loin de la réalité.
Dommage qu’il soit si difficile de dire simplement « je ne sais pas ».
Question du jour : Pourquoi la banane est si triste ?
Réponse : Parce qu’elle exprime la douleur lorsqu’on la coupe.