Jamais anonyme mais souvent invisible…
Nous sommes en plein dans l’époque de l’information toute fraîche, à peine sortie de l’esprit de n’importe quel quidam. Sans fioriture, spontanée. Jamais les médias de masse n’ont aussi bien porté leur nom.
Les plus beaux chants twittés sont relayés par internet, vous ne pouvez pas les manquer. La moindre parole anodine, maladroite ou qui a oublié de faire tourner la langue sept fois avant de lâcher le mot est aussitôt commentée, dénoncée, ridiculisée, moquée. Ce n’est plus le chant mélodieux des oiseaux de campagne qui adoucit les mœurs et que l’on écoute les yeux fermés mais celui des corbeaux d’Hitchcock. Ils attendent la sortie pour s’abattre sans pitié sur le malheureux joueur de pipeau qui croyait bien siffloter ou bien dire. Aucune pitié, il n’avait qu’à se taire.
Je n’ai pas fait de statistiques mais il y a de fortes chances pour que plus de 80 % des twitts soient des bastonnades. Peut-être se fait-on twitteur pour mieux fustiger avec un bâton de longue portée. Twittez maladroitement de Bordeaux et vous serez corrigé de Paris, de Strasbourg ou d’ailleurs. C’est l’intention première, il est peu probable de tomber sur des twitts câlins.
Mais dans l’affaire, ce n’est pas parce qu’on réagit sur tout ce qui se dit et qu’on aurait jamais dû entendre, que le twitteur sur un twitt d’autrui s’en sorte mieux. La vérité n’est pas à la portée de n’importe quel pouce frénétique capable de réagir au quart de seconde. Généralement les uns et les autres sont de la même veine ou de la même vanne.
Quel dommage qu’on ne prenne plus le temps d’écouter un rossignol, une fauvette ou même le coucou qui ne sait dire que son nom. Ce dernier est un vrai twitteur de « coucou…coucou… », planqué quelque part derrière un feuillage, souvent invisible et nous invitant à le chercher. C’est un formidable joueur de cache-cache qui ne fait aucun mal, sauf lorsqu’il vide un nid pour pondre son œuf mais dans ce cas, il ne chante pas et ne le twitte pas par-dessus les toits.
Avec les découvertes qui suivent un rythme infernal, nous ne tarderons pas à connaître « l’antétwitt ». Il aura pour fonction d’anticiper un twitt foireux pour lui clore le bec avant même qu’il ait le temps de l’ouvrir.
Twitt…twitt…twitt… Entendez-vous le gazouillis des gens oiseux* ?
*Oiseux, dans son assertion « qui n’ajoute rien à la pensée ».