Saint Jean-Baptiste donnant le baptême à Jésus sur les bords du Jourdain. (Dans l’église du village)
Les quelques rares personnes qui me connaissent bien et m’ont vu à l’église samedi dernier ont dû tomber des nues, ou plutôt du ciel.
Comment peut-on être en gros doute permanent quant à l’idée de Dieu et se trouver devant l’autel ?
Je ne me suis ni agenouillé ni fait le signe de la croix. J’étais là pour assurer ma fonction de photographe familial. Mon fils baptisait ses deux filles par conformisme pour ne pas déranger les croyants de la famille proche. Ce n’est pas plus mal, c’est pour cette même raison que je m’étais marié à l’église. Tous mes ascendants et ceux de mon épouse étaient croyants pratiquants. Pourquoi les troubler puisque cela ne me trouble pas ?
Je n’ai aucun problème avec cette attitude et Dieu me comprendra si d’aventure il existe. Dans ce cas de figure, il est sans doute au-dessus de toutes nos contingences et insuffisances, pauvres pécheurs que l’on dit créés à son image. Il a probablement dû se mordre les lèvres en lisant dans les Evangiles ou la Bible, que sais-je d’autre, d’avoir eu cette idée saugrenue. A son image, rendez-vous compte, l’erreur. Toutes nos mesquineries ne seraient que production, qu’imitation divine ou déviance ? Ceux qui ont écrit cela, l’ont fait de leur propre chef sans aucune réflexion sérieuse, ou alors sérieuse pour viser d’autres raisons. Les conséquences sont fâcheuses.
Cette église, je l’ai beaucoup fréquentée durant mon enfance. J’étais de toutes les messes, même pour Laudes* jusqu’à risquer d’arriver à l’école en retard… tous les matins. C’est ainsi que je suis devenu endurant à la course. Je partais au sprint pour être ponctuel dans le rang de ma classe et ce n’était pas gagné d’avance tant le temps était limité et jamais le même. J’en ai fait des pénitences pour rien après être passé par le confessionnal. Savait-il que je racontais n’importe quoi en allant à confesse pour des prunes ? Savait-il que je m’accusais d’avoir volé des cerises chez Antonu Cardinali sur son cerisier précoce ? Des cerises mûres le 31 mai, chapardées par d’autres lorsque sa famille suivait la messe… Il sait que je n’avais pas ce courage ou alors, il ne sait pas grand-chose. Combien de fois ai-je reçu le corps du Christ sur la langue, une fois pardonné ? Cette hostie qui se collait au palais et que j’avais du mal à décoller tant elle adhérait au plafond… presque une deuxième pénitence. Aujourd’hui, avec le progrès, elle est peut-être plus légère moins épaisse et moins collante… Je n’en sais rien, je n’ai pas suivi l’évolution. Combien d’encensoirs ai-je garnis d’encens pour que la fumée embaume puissamment les alentours d’une travée ? Combien de burettes remplies d’eau et de ce vin qui intriguait, qui tentait sans qu’on puisse aller jusqu’à mouiller les lèvres de peur que Dieu ne nous voie ? Nous n’étions pas si hardis finalement… Nous jouions à faire semblant sans le savoir.
Comment voulez-vous qu’un Dieu prenne au sérieux un Pari comme celui de Pascal ? C’est la plus grande arnaque de tous les temps. Comment peut-on dire, « Mieux vaut parier que Dieu existe, on a tout à gagner et rien à perdre… » Si, si ! J’ai beaucoup à perdre car s’il existe, il ne pourra se satisfaire d’une croyance intéressée. Le Tout Puissant démasquerait la supercherie du Pari. Réagirait-il en reprochant ou en riant ? Toute image de Dieu est bourrée de sentiments et d’attitudes humains. Toute tentative d’explication pour ou contre l’existence divine vire forcément à l’absurde.
Finalement, l’agnostique, avec son doute, a une plus haute idée de Dieu. S’il existe, en dehors du temps, il ne peut ni flatter ni fustiger nos égos. C’est une idée qui nous dépasse infiniment : puisque je suis ignorant et que je ne peux atteindre la clarté sans éviter une croyance ou un athéisme aussi dérisoires l’une et l’autre, je préfère m’abstenir le temps de vivre ma vie… l’énigme ce sera pour l’outre-tombe. Sans risque car le risque n’est qu’affaire humaine. C’est donc une manière de vivre en restant à sa place de passant qui passe… sur terre.
Je suis en paix avec moi-même. Nous verrons bien le jour de notre rencontre ou pas.
En me postant devant l’autel pour piéger quelques attitudes dans le viseur de mon appareil, j’ai regardé mes petites filles, innocentes, livrées à la volonté de ceux qui pensent encore pour elles.
Quelle sera votre approche lorsque vous serez bien grandes ? Ce sera votre liberté de croire, de douter ou de nier… La vie des hommes et des femmes est ainsi faite. Soyez vous-mêmes, c’est la meilleure des attitudes… Et Dieu ne vous en voudra pas.
En cette circonstance baptismale, la rencontre entre humains fut belle et c’est bien là l’essentiel.
Avec son doute, Missiau n’a pas avancé d’un millimètre non plus, mais il sait attendre…
Joyeux baptême petites filles ! Et souvenez-vous que la tolérance est un bien précieux.
*Laudes = messe matinale qui signifie louanges faites à Dieu.
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4 Comments
Témoignage paisible et vrai.
Rencontre humaine.
…un Souffle avec la tolérance en héritage…
Tranquille ovation pour ce 800 ème.
Merci Zeva. Pour ce 800e, paisibles serons-nous vous et moi. Un regard tranquille sur ce qui nous dépasse, un peu de modestie pour vivre sa vie du mieux possible sans trop déranger, tout en profitant de ce passage toujours incertain… Belle la vie ! Aujourd’hui des pommes de terre primeurs du jardin que je cultive… un moment de bonheur partagé. Un repas préparé avec l’aide de ma petite fille, joyeuse depuis l’arrachage jusqu’au lavage des tubercules. Et la plus petite qui nous suivait partout désireuse de faire comme nous .Puis la préparation pour le four une découverte pour elle et un enchantement visible… Voilà la vie que j’aime. Bonne journée.
Témoignage paisible et vrai.
Rencontre humaine.
…un Souffle avec la tolérance en héritage…
Tranquille ovation pour ce 800 ème.
Merci Zeva. Pour ce 800e, paisibles serons-nous vous et moi. Un regard tranquille sur ce qui nous dépasse, un peu de modestie pour vivre sa vie du mieux possible sans trop déranger, tout en profitant de ce passage toujours incertain… Belle la vie ! Aujourd’hui des pommes de terre primeurs du jardin que je cultive… un moment de bonheur partagé. Un repas préparé avec l’aide de ma petite fille, joyeuse depuis l’arrachage jusqu’au lavage des tubercules. Et la plus petite qui nous suivait partout désireuse de faire comme nous .Puis la préparation pour le four une découverte pour elle et un enchantement visible… Voilà la vie que j’aime. Bonne journée.
Mais aussi la réaffirmation de nos racines chrétiennes, dans une société qui prône le multiculturalisme comme antidote à sa propre culture.
Merci Simon
Je m’en vais de ce pas réfléchir au jardin, enrichi de vos réflexions.
Bien à vous