L’atlos.

Oui, vous avez bien lu, j’ai écrit l’atlos.

Qu’est-ce qu’il me prend aujourd’hui de sortir cette vieille anecdote qui date de presque 50 ans ?
Allez savoir !
Le mot m’est revenu à l’esprit en voyant un violon.
J’avais très peu de chance de parler de l’alto dans ma vie.

En débutant dans l’enseignement, j’avais été bombardé prof de musique dans un grand collège de Vélizy proche de Versailles. La musique, une infirmité pour moi, ce sont les mystères de l’Education Nationale.
Pour parler vrai, je dois dire que c’était un remplacement d’un an. Une dame professeur de sciences naturelles, disait-on encore, vivait mal sa grossesse. Prof de sciences c’était mon rêve d’enfant.
A l’époque, les PEGC assuraient deux matières, une principale, l’autre secondaire pour compléter les heures de cours. La dame avait choisi la musique, je devais donc tenter, aussi, quelques vocalises et apprendre les fausses notes à mes élèves.
Ce fut un remplacement lumineux et enchanté. J’ai beaucoup appris de cette expérience, certainement plus que les élèves auxquels je prodiguais mes découvertes toutes fraîches.
J’apprenais et, à peine cueillies, mes brimbilles (ce mot n’existe pas, ne cherchez pas dans le dictionnaire) étaient enseignées fraîchement sorties de mon apprentissage.
Les élèves étaient au diapason et musiquaient comme des fous égarés dans une fanfare municipale dysharmonique. Nous tentâmes l’orchestration symphonique mais ma baguette de chef orchestral n’en faisait qu’à sa tête aussi.
A aucun moment, nous ne nous sommes ennuyés. Les élèves auraient volontiers passé la journée dans mon conservatoire. Pas un baryton ne sortit de cette magistrale cacophonie pour « atlos » et pianoforte à petite queue et pédales douces.

Je vous avoue que j’étais presque terrorisé en apprenant la nouvelle de ma vocation imposée et puis avec le sérieux que vous me connaissez, je suis parvenu à meubler la salle de musique. J’y ai laissé mon frac queue de pie et mes chaussures noires frangées de blanc, bien lustrées, en souvenir.

Alors l’atlos ? J’y viens ! !
Une petite fille qui sentait bon la dyslexie gentillette, estropiait tous les noms d’instruments et ces derniers s’en trouvaient désaccordés. Comment vouliez-vous que nous concertassions ?
Elle s’en fichait royalement et riait de bon cœur :
– Monsieur, c’est quoi les atlos ? en forçant bien sur le S final.

Je n’ai jamais pu lui faire désigner, silet, éclisses, chevalet, tendeur, table d’harmonie, manche, chevilles ou âme d’un alto.
Je tiens ce vocabulaire de cette période haute en musiques baroques, ma période d’homme orchestre à la baguette magique, qui déchaînait les collégiens sur son passage.

Je vous le disais hier, le beau temps revenu me redonne jeunesse, vive le printemps !

Ce fantôme dansant est une rose blanche vieillie, malmenée par la pluie.
Une variation en vibrations majeures !

2 Comments

  1. Charmante anecdote 🙂 Les enfants ne devaient certainement pas s’ennuyer avec vous ! 😉

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