Le petit plus…

L’essai en vaut la chandelle à condition d’être compris, sans être pris pour un farfelu voire un âne, dans le pire des cas.

J’ai toujours aimé jouer avec les mots. J’adore cette manière d’apporter « le petit plus » qui va changer le sens d’un vocable. Le petit signe incongru pouvant laisser croire qu’il s’agit d’une faute d’orthographe alors qu’il n’en est rien. C’est un grain de beauté, une coquetterie qui apparait lorsqu’on ne l’attend pas pour apporter une nuance, renforcer ou affaiblir le sens habituel d’un terme.
Cette manière d’écrire en restant fidèle aux mots est un plaisir nouveau pour l’écrivant que je suis. Enfin, nouveau peut-être pas, puisque je procède ainsi de longue date. Disons plutôt « le petit plus » qui change tout sans ajouter des adjectifs ou des adverbes. Le vocable se suffisant à lui même à condition de le grimer agréablement pour une autre apparence. Lui conférer une image nouvelle pour la circonstance afin de lui faire avouer un autre sens plus soutenu que l’habituel, que l’ordinaire.

Il ne s’agit point d’un jeu mais d’un modelage ou d’une couleur de circonstance qui s’impose à l’écriture, sans être préméditée. Surtout pas préméditée, la figure doit être spontanée, fraîchement sortie du plaisir d’écrire et de nuancer.
L’effet pervers indésirable, détestable même, susceptible d’apparaître, serait d’en abuser et d’en produire plus que de raison. Ce sourire de l’écrivant doit rester apparition soudaine, inattendue, en s’imposant au lecteur comme une évidence. La compréhension en devient immédiate et ne doit jamais être induite par une explication. C’est un sourire, un sourire visible, une adhésion, une complicité avec l’auteur.

La rareté du procédé en fait la beauté, c’est la raison pour laquelle je ne donnerai pas d’exemples nombreux. La procédure occasionnelle qui s’adresse à un contexte particulier ne doit jamais faire l’objet d’une liste explicative. Le mot survient, s’impose comme une évidence et disparait. Il n’apparait plus dans d’autres textes, sinon rarement, car il nait d’un contexte précis.

Hier, j’étais assis sur un banc public. Juste à côté, deux personnes bavardaient depuis un long moment. Leurs paroles se chevauchaient. Une sorte d’avidité pour prendre le pas sur l’idée de l’autre, entre vice et versa, en devenait presque insupportable. On ne s’écoutait plus, on poursuivait son fil, rien que ses idées sans entendre celles de l’autre. Ça blavait, on ne papotait plus, on plapotait encore et encore jusqu’à en plaploter sans fin. La conversation n’en était plus une, ce qui devait être un dialogue était devenu viavogue puis viavague déferlante avec sac et ressac incessants…
Le logiciel du blog vient de me rappeler à l’ordre en zigzag-soulignant en rouge les mots méconnus qui pourtant venaient en renfort pour décrire la scène qui se jouait sous mes oreilles…
L’intelligence artificielle saisira-t-elle un jour toutes ces nuances ?
Ces dernières sont humaines, l’intelligence artificielle restera anhumaine. La preuve ?
Elle vient de rouge-zigzaguer ce dernier mot. Elle n’a rien compris à mon idée.
Comprendra-t-elle un jour les sentiments ? J’en doute fortement.


2 Comments

  1. Non, l’intelligence artificielle ne comprendra jamais les subtilités d’un poète qui s’amuse et c’est tant mieux 😉

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