Certains d’entre vous le savent, j’écris régulièrement dans plusieurs gazettes. Ce fut un temps dans le Post devenu Huffington Post et dans le monde.fr de nombreuses chroniques, le Paris-Turf quotidien national hippique, le Corse Matin Hebdo, et depuis peu le Corse Net Infos. Je suis un simple lecteur qui a envie de se faire plaisir en s’exprimant à sa guise.
Alors, qu’avais-je à vous dire ? Que l’humour ne passe plus comme une lettre à la poste. J’ai beau prendre les choses à la légère, à rebrousse-poil, à lisse poil pour de faux, à pince sans rire ou en riant… rien n’y fait, le plus grand nombre de lecteurs me prend toujours trop au sérieux. On me lit au premier degré, alors que j’y suis très rarement, presque jamais. Je me trouve, parfois, face à des réactions très sérieuses car je n’ai pas su me faire comprendre. On me reprend point par point en ignorant que ces points-là n’en sont pas ou sont tout autres car je blaguais. Je batifolais en pleine dérision et voilà qu’on me rappelle à l’ordre pour me montrer le droit chemin.
Figurez-vous que je gambade, je cabriole, me roule dans l’herbe fraîche de nos bas-côtés, de nos ravins et suis rarement un chemin tout tracé. Peut-être ai-je été contaminé par certains enfants que j’ai connus naguère. Ces enfants en grande difficulté scolaire que j’étais censé ramener dans le droit chemin de l’école et qui raffolaient de l’école buissonnière dans leur tête. Ils me regardaient d’un air amusé lorsque je tentais de leur enseigner la bonne parole. Un œil rieur, un nez froncé de surprise, une tête détournée pour regarder ailleurs.
Je me retrouve un peu dans leur cas lorsqu’ils semblaient penser : « Mais que lui prend-il à vouloir m’apprivoiser ? » Je me souviens du « rat des champs » qui filait toujours à côté. Lorsqu’on lui indiquait un bon coin de cerises, il partait aux fraises. Et le « rat des villes » vaguement apprivoisé par des parents avertis, qui préférait cacher son esprit dans les digressions de la vie. Ce sont ces enfants, très nombreux, que j’ai rencontrés et qu’on disait en grande difficulté scolaire qui m’ont le plus indiqué la vie. J’ai appris à les respecter dans leur candeur ou leurs travers, au fil du temps. A les écouter, les regarder d’abord, et leur parler ensuite, seulement. Jamais sans avoir entendu et vu. Jamais à priori pour leur indiquer le « bon chemin ». A leur contact, j’ai su nos limites, le possible et le probable, le leurre et la réalité…
Nous cheminions ensemble, côte à côte, face à face, les yeux dans les yeux… j’osais à peine leur montrer du doigt une direction et parfois, ils m’entendaient.
Alors comment vous dire ? Amusez-vous de mes écrits si cela vous dit. Soulevez un coin du voile pour chercher le deuxième, troisième ou autre degré… pour juste s’amuser de la vie. Je cherche à la comprendre et reste convaincu qu’elle n’est rien d’autre qu’un passage dont on a oublié de dire la durée et où il nous conduit. Je reste fidèle à mon épitaphe : « Je suis venu, j’ai vu et je n’ai rien compris. » Plus mon capital temps se rétrécit et plus le temps prend de l’importance. On le comprend toujours trop tard mais c’est ainsi. Nul ne peut faire l’économie de sa propre expérience en s’asseyant sur celle des autres : il faut d’abord perdre son temps et le gaspiller en abondance pour en comprendre toute son importance.
Cela s’appelle une vie.
*Les hiboux qui illustrent certains textes sont ceux qui m’aidaient à communiquer avec les enfants. Nous avons décidé de poursuivre notre aventure, ils ont quitté l’école en même temps que moi.