Cette année, la période pré-électorale hivernale est très pluvieuse. Cela n’empêche pas les sorties et les sourires prometteurs sous les parapluies. Personne ne semble dérangé par ces pluies diluviennes anormales, dévastatrices, seule, la conquête du fauteuil de maire occupe les esprits. Leurs vues passent bien au-dessus des ponts qui s’effondrent et des lits des rivières qui chatouillent les habitations. Les listes se défont et se refont, les contents d’hier devenus mécontents d’aujourd’hui cherchent un peu de soleil en sortant de l’ombre.
On serait tenté de dire : par temps de pluie tous les chats sont gris. Quel que soit le bord politique, le comportement est le même pour tous : des promesses de bonheur dans les villes et les villages, encore plus marquées par ces temps de crise. Ils ont tous compris ce qu’il faut faire ou ne pas faire et surtout, comment ne plus reproduire les bêtises du passé… celles toutes neuves qu’on n’aura pas vu venir, seront dénoncées aux municipales suivantes pour jurer, encore une fois, qu’on ne les y reprendra plus. Eternel crédule, l’électeur est incorrigible.
Existe-t-il dans les quartiers, des gens compétents dans divers domaines et capables de se fédérer pour le bien des communes sans se préoccuper de savoir s’ils sont gauchers, droitiers ou ambidextres ? Sans doute, mais la politique politicienne est un travers de l’homme : cherchez à l’étouffer et il revient au galop.
Dans les rues, sur les marchés, dans les médias, la course au bulletin bat son plein sans vergogne. Ces gens deviennent bâtisseurs, agents du bonheur… Les sortants ont tout vu, tout entendu. Aujourd’hui, ils sont prêts à remettre le paquet et tant pis si le colis n’arrive jamais à destination.
Si vous voyez, au détour d’une rue, une petite équipe avec à sa tête un personnage plus souriant que les autres et qui vous serre la main plus chaleureusement que d’ordinaire, ne vous étonnez pas, c’est la saison. C’est probablement votre prochain maire qui sera agacé, après les élections, si vous lui adressez quelque remarque. En attendant, profitez-en, il est prêt à tout entendre avec le sourire. Mais ne vous méprenez pas, ses idées sont toutes faites et vos recommandations entreront naturellement par une oreille et sortiront par l’autre sans aucun effort.
Comme un printemps, la campagne électorale est une saison qui revient périodiquement vous annoncer le temps des cerises. Goûtez-y si cela vous chante puis avalez ou recrachez le noyau, il n’y a pas d’autre alternative.