Rendre l’âme

Par ces temps moroses de début d’automne, je cherche désespérément un sujet d’écriture. C’est devenu une addiction. Sans mon écrit quotidien, il m’est difficile de vivre comme d’autres demandent leur pain quotidien à Dieu plus qu’aux gouvernants du moment. Est-ce vraiment raisonnable ?

Vous avez sans doute remarqué que je suis moins quotidien dans mes écrits. Ce n’est pas tellement que la panne me guette, c’est tout simplement parce qu’on m’a sollicité dans un média national pour m’exprimer sur des sujets d’actualité concernant le turf. Et cela pompe mes idées, les détourne. Voilà pourquoi ces vides dans mon blog. C’est encore un de mes plaisirs qui étonnent : « Ah ! Toi aussi, tu joues aux courses ? » Me balançait un édile du coin. Pourquoi est-ce étonnant ?  Nous avons tous notre face cachée et celle-ci n’est pas plus mystérieuse qu’une autre. Je m’exprime dans ce quotidien spécialisé, non pas tous les jours, ce serait saouler son monde, mais très souvent en suivant l’actualité. Ceux que le turf intéresse peuvent me retrouver en tapant mon nom et mon prénom suivi de Paris-Turf et j’apparaitrai…

Donc, aujourd’hui, je rêvasse devant le ciel nuageux mais mobile. Les nuages vont et viennent hésitant entre soleil et pluie. Le vent ne leur laisse aucun répit, « Du balai ! Du balai ! Allez filez, y-a rien à voir »… Et pourtant, je regarde toujours cette vie mystérieuse qui passe et qui passe encore sans jamais s’arrêter. Tout parle de la vie joyeuse ou morose. Devant moi, un brou de noix a ouvert très grand son étau. Sa gueule est béante, le fruit ne tient plus qu’à un fil. La brise, un peu fâchée, le sait et s’amuse à balancer la branche, à la secouer et semble dire « allez, lâche ! », file et puis revient à la charge… Puis ploc ! Un petit bruit sec, le brou a rendu l’âme, a régurgité les cerneaux dans leur emballage de coque. On dirait qu’il a perdu son cerveau tant l’enveloppe ligneuse lui ressemble par ses circonvolutions très marquées.

C’est ainsi que l’expression « rendre l’âme » m’est venue à l’esprit. Même si la noix qui choit est espérance de vie avec sa graine qui ne demandera qu’à germer.

Si l’on en croit les dictionnaires, l’expression viendrait du XIVe siècle. A cette époque « âme » signifiait « souffle » et qui perd son souffle quitte ce monde. D’autres y voient une explication plus religieuse : un retour à Dieu, on lui rend l’âme qu’il nous avait provisoirement accordée. C’est bien triste tout ça et pas bien de réclamer ce qui a été donné, le Tout Puissant nous a donné une âme… Donner c’est donner. Que fait-il de toutes ces âmes et que deviennent-elles hors d’un corps ? Âmes du ciel, vous souvenez-vous de vos corps d’ici-bas ?

L’âme n’a plus d’esprit, plus de pensées et plus d’émotions ni de sensations, en quittant le corps, elle a cessé d’être et d’exister. Elle vagabonde, flotte, un fantôme. On imagine une âme seule, abandonnée, perdue, semblable à un ectoplasme, errante, qui rêve du brou de noix en quête d’une enveloppe qui la ramènera à la vie. On imagine seulement.

A quoi bon rendre l’âme si elle ne me reconnait plus ?

Je crois bien que rendre l’âme, c’est rendre les armes de la vie. Mourir tout simplement.

Et puis, je l’entends qui piaffe :                                

Padam…padam…padam
Cet air qui m’obsède jour et nuit
Cet air n’est pas né d’aujourd’hui.

Une âme…une âme…une âme
Que j’entends toutes les fois,
Pas d’âme…pas d’âme…pas d’âme
C’est un air que je montre du doigt….

1 Comments

  1. Une « Ame à la noix » ainsi.
    Alors les bons pères m’auraient embobiné ?
    Depuis je suis devenu un mécréant à la noix.
    Cela me brise un peu les noix.

    Pardon Simon, tout cela ça m’a échappé.
    A vous relire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *