Je me suis souvent donné des échéances de vie.
Ma première fut celle de revenir à la terre de mon enfance, il y a vingt-six ans.
Tant que je n’étais pas de retour chez moi, je n’étais pas tranquille.
Mon ambition, c’en était une, au risque d’être la risée de tous les blogueurs de France et de Navarre, était bel et bien de cultiver la terre comme mon père, ce pauvre Martin qui bêchait le champ des autres.
Je rêvais de créer mon jardin à partir d’un bout de maquis, j’ai défriché, j’ai pioché sur la pente à fort pourcentage pour former des plates bandes et enfin j’ai commencé à planter.
Cette étape franchie, j’étais heureux.
J’ai planté des arbres fruitiers, par bouturage et marcottage, de variétés locales. Des figuiers surtout. Des pêchers et abricotiers en plantant des noyaux, des noyers et des pruniers en repiquant de jeunes pousses repérées dans les environs. Des pommiers, poiriers, cerisiers, un jujubier et du raisin, ce dernier toujours par bouturage de variétés anciennes.
J’étais heureux.
Je m’interrogeais, je repoussais l’échéance en espérant les voir tous fructifier.
C’est arrivé, la providence m’en a accordé la chance.
J’étais heureux.
Puis, j’ai replanté et j’ai greffé, peut-être verrai-je les prochains fruits, je suis dans les temps.
J’ai accompli ma mission, j’ai fait exactement ce que je voulais réaliser, puis prenant de l’âge, les os vieillissant, je galère pour aller chercher du fumier, du compost pour régénérer mon jardin qui s’est épuisé aussi. Il a besoin d’un apport nouveau de terre féconde. Je me suis décidé à passer à la permaculture. Je cherche de l’aide, des appuis pour accomplir cette dernière tâche.
L’année passée, j’ai bien cru que c’était la dernière et puis une lueur d’espoir, suivie d’un autre second souffle et me voilà reparti, à nouveau rempli d’avenir.
Je suis heureux.
Parfois, en remontant chez moi par le chemin pentu, je fais des haltes, je regarde au loin. Les paysages sont beaux, la nature joue ses quatre actes annuels avec la même détermination sans se soucier de mes états d’âme.
Si Simonu passe et trépasse d’autres gambaderont par ces chemins…
Je suis heureux.

C’est l’automne, la nuit tombe plus vite et la pensée voyage dans le crépuscule de la vie.
Je me disais, « Tiens, une présidentielle se prépare, non pas que je m’intéresse à la politique, elle m’insupporte et je n’ai jamais apprécié langue de bois ni de caoutchouc. Non, j’y voyais une autre échéance.
Et si c’était mon dernier quinquennat ?
C’est dans les cordes aussi, je mesure le temps qui reste à l’aune d’une mandature présidentielle.
J’espère et je suis heureux.

C’est ma visée actuelle, mais je n’ai plus de place pour planter des arbres et je ne souhaite pas me planter dans l’ennui de ces gens qui s’écharpent pour nous raconter des bobards. Ce sont des bonimenteurs, des bons menteurs le plus souvent.
Voyez à quoi se résume le point de mire du restant de ma vie.
C’est déjà ça, je suis heureux.
Et pourtant je râle, quelle idée d’avoir supprimé le septennat. Raisonner en septennats eut-été infiniment plus réjouissant, deux ans de perspective, ça vaut bien ses 730 jours supplémentaires ! Rendez-vous compte !
Quant à deux septennats, je n’ose y croire. Dans quel état ? Et saurais-je encore écrire pour m’amuser à dire ? A dire le dérisoire, à dire ce qui n’intéresse personne ?
Deux quinquennats ça reste envisageable si vous priez pour moi 😉
Et je m’en irai heureux d’avoir accompli bon passage parmi les humains.

C’était hier en fin d’après-midi.
Encore quelques ans, quelques mois, quelques jours et je m’en irai voir l’ailleurs.
J’espère pouvoir encore dire, là-bas, que je fus heureux mais cela aura-t-il encore une signification ?
Une vie de doute permanent, d’incertitude absolue, et s’en aller dans l’ignorance de tout !
Le petit plus des hiboux bavards qui cueillent les mots aux passage et sont tout ouïe.

Beau texte, presque du Brassens 🙂
Rien de plus noble dans une vie que de faire son jardin, surtout dans les conditions particulièrement pentues du vôtre.
Ce qui est triste, c’est de voir que dans nos sociétés dites civilisées, un homme ne puisse plus vivre en cultivant sa terre, tout simplement. Ce qui était normal pour les anciens, est devenu un rêve pour les suivants, rêve que très peu ont pu réaliser.
Longue vie à vous Simonu, plein de quinquennats encore 🙂
Bonjour Al,
Ah si vous pouviez être la fée des quinquennats, j’en aurais bien pris 3 ou 4, après tout, je ne gêne personne ! 😉
Bonne journée, je vais au jardin justement et dans quelques jours, je prépare des boutures de vigne.
Vivent les jardins !
C’est bien. Cela n’a effectivement nuit et ne nuira à personne et a donné à réfléchir à d’autres dont je suis, comme en écho.
Quant à l’appui pour la permaculture j’ai une idée. A ce sujet rendez vous sur messenger, pour ne pas alourdir ce blog.
Va.
J’ai bien aimé ce passage de votre vie. J’aimais beaucoup cultiver mon petit bout de terre, mais c’était hier
Bonne journée Simon 🙂