Confucius au jardin des plantes.

L’histoire de ce texte n’est pas anodine. Son auteur Luce Caggini était une femme artiste peintre, décoratrice, écrivain. Elle n’aurait pas aimé que je dise « écrivaine ». Un temps elle fut concertiste au piano, côtoyant les plus grands violonistes notamment. Elle fit décorations du côté de Philadelphie, Chicago et New York. Elle a couru le monde puis un jour découvrit un blog timide quasiment confidentiel qu’elle suivait en secret du temps où je parlais beaucoup de ma Zinella. Elle ne s’est jamais manifestée jusqu’au jour où découvrant l’image en titre que j’avais intitulée « Le brou béant », l’accouchement d’un brou… ce jour-là, elle me demanda l’autorisation d’utiliser cette image, sans autre explication.

Quelques jours plus tard, je découvrais ce texte dans « Reflets du temps » un site fréquenté par des écrivains de bonne écriture, que j’avais qualifié « La grotte de l’entre-soi ». On se congratulait volontiers entre écrivains, je les imaginais en cocktail permanent, se faisant des mamours et force caresses tchintchninées. Cela n’avait pas plu à la patronne des lieux, une enseignante très autoritaire m’infligeant une fessée déculotté et m’interdisant de commentaires.
Censuré le Simonu qui, pourtant, avait été sollicité en disant qu’il y avait toute sa place.
J’avais décliné l’offre ne m’y sentant pas à mon aise car les écrits y étaient de haute volée.
Je fus interdit de droit de réponse, cette dernière a été stoppée dès réception et jetée à la poubelle, rageusement j’imagine.

Voici donc le décor planté. Je reviendrai à la fin sur d’autres considérations.

Lettre à un ami inconnu qui « s’amuse avec le temps » .

Monsieur le Barde de l’ Aratasca , cédez aux petites lumières de la ville , soulevez le voile rongeur du jour éphémère et… « souviens -toi d’ oublier »

Tête à tête sur un texte de Simonu D… celui qui avait écrit Vous savez que vous êtes de Lévie , si … Mais une amoureuse de Chine ne regarde les toits des maisons que par dessus les montagnes pourpres de la Corse en dessous de la lune , juste pour voir les paysans murmurer les secrets de leur village autour de la cheminée .

Je me hasardais à poser une question après une longue hésitation: « un brou béant » … qu’ est ce que c’est ?… Parce que je n ‘ai jamais vu un brou béant et je ne suis jamais allée à Lévie.
Alors, Simonu a répondu à ma question avec la photo d’ un petit morceau de sa vie. Même en la regardant bien , je ne sais pas encore si c’est une photo ou une image ou peut-être même une étape vers une sortie d’élection ! Diminution de ses forces, excavation par simple appel du large, empereur chinois mis en quarantaine … Est- il en état d’ échapper aux serres fragiles qui le retiennent pendant qu’un souffle sec a jauni les feuilles censées le protéger ?

Entre le moment où le brou va être à nu et celui où le noyer entrera dans la mue de sa fin de floraison, son vert aura-il la même couleur d’âme ?

 Quand « on s ‘amuse avec le temps » à Lévie , faut pas cesser de se recycler.

Imiter le brou béant c ‘est même un relatif dilettantisme d’élitiste faisant un clin d’ œil au cœur d’un petit moineau au milieu d’un vol allant du centre de la terre vers une autre planète avec une amplitude médiane puisant ses sources et dansant sur les crêtes de l ‘Alta Rocca .

 Né dans les eaux vives du milieu du siècle entre les pierres chahutées par les vents, au cœur des noyers , parmi les octobres, surpris dans les reflets d’un ciel photographe pendu aux quatre coins d’ un village oublié par des millions d’étoiles oublieuses de tout ce qui n ‘est pas étincelant, Simonu est allé en soliste humer un peu de la belle humanité dans des sentiers pensés à l’insu des unités temporelles .
Ses amis, que Messiaen appelait les artistes,les oiseaux ,  peuple chanteur narrateur, ont murmuré un jour un conte de parenté au maître de Aratasca , ce lieu où le temps se retourne , qui le prendra à témoin pour lui dire : tu es un intemporel pris dans le partage d’ une mémoire ardemment articulée entre le jour où tu as ouvert les yeux sur la Zinella et le jour où l’une de ces fieffées rafales d’Archigna, pendant lesquelles tes amis-oiseaux interprètes de la musique pure du ciel ne souffleront mot, car même un sphinx-colibri courant la sauge sait marquer un temps de pause pour un ami …….une sacrée rafale , disais-je mènera ta muse au plus haut de l ‘Alta Rocca .

Alors, Simonu entre vous et moi qui ne nous sommes jamais vus mais qui manipulons les montées et les descentes de l’Arménie  et  du Monte  Cinto un  peu  comme des  enfants de la balle muris  au Sud du  monde  animal, armés  de la même chance  qu’une buse avec son œil de  buse comme Dieu ne l’aurait jamais fait, a déjà commencé une histoire vieille de deux mille ans dont le monde chrétien sait que ici et ailleurs communiquent.

Vous imaginez ma surprise en découvrant ce texte.
Comment ai-je pu inspirer quelqu’un qui en a vu d’autres en parcourant le monde ?
La deuxième surprise fut la lecture. Un texte compact fabriqué de mystères et de mystique qui me dépasse. Un texte difficile à saisir pour le plus rationnel des mortels. Quel était le message entre un agnostique et une croyante ? La suite de nos conversations nées de cette intrusion d’un Confucius insoupçonné m’éclaira sur bien des points, nous conversâmes durant quelques années.

A la suite de cette découverte, je lui adressai une réponse intitulée « Les textes Picasso ».
Elle était ravie, notre chère Luce, jamais personne n’avait perçu la chose de la sorte, c’est ce que j’ai compris lors de son commentaire.
En fait, c’était simple pour moi. Elle était artiste peintre et ses écrits ressemblaient à des tableaux. On devinait le beau et le fort mais on ne comprenait que rarement son message. Le pas fut facile. Je revoyais des visiteurs s’extasier devant une toile picassienne, j’entendais des « Oh ! » et des « Ah ! » d’admiration alors que personne ne savait donner une signification pertinente.
On répondait que c’était cela le beau et que la moindre explication en détruirait la beauté sous-jacente.
Soit ! Disons que le beau c’est ce qui nous arrache un cri sans que l’on n’en sache la raison.
Il n’y avait qu’un pas pour moi, c’étaient bien des textes Picasso.

Luce s’en est allée sans prévenir, toujours mystérieuse jusque dans sa disparition.
Je pourrais presque croire qu’elle sourit à mes élucubrations :

  • Ah ah ! Il n’a toujours rien compris !


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