La référence, n’était pas son fort.
Aucun repère ne permettait de la situer.
On aurait dit qu’elle était écervelée sans être une allumeuse. Non, surtout pas allumeuse car elle ne savait pas ce que cela signifiait, ni ce que cela engendrait.
Ni frivole d’ailleurs et encore moins stupide. Plutôt du genre « j’ai fortement envie mais j’ai peur ».
Elle avançait ses arguments comme ça lui venait, parfois à l’emporte-pièce, au ressenti, peu lui importait de livrer des appuis sérieux, bien analysés. On la croit ou pas.
Comment voulez-vous adhérer sans connaître les tenants et les aboutissants ?
Elle n’en avait cure, « C’est ainsi !», comme elle disait ou alors, aller se pendre.
Pas facile.
La dame était intrigante, on ne pouvait passer sans s’attarder un instant sur ce mystère. L’étrangeté de ses comportements, entiers ou rien du tout, attiraient incontestablement le moins curieux d’entre nous. On ne pouvait rester indifférent devant cette énigme tourmentée.
Elle avait fui dans le maquis faisant mine de se perdre, jusqu’à s’emprisonner dans les bruyères et les genêts les plus inextricables. Elle jouait l’abandon et la faiblesse alors qu’elle réagissait comme une personne forte capable de résister et repoussait toutes les sollicitations qu’elle engendrait par son comportement.
Une femme engageante, fortement désirable, si l’on en jugeait par son regard et ses expressions de visage qui semblaient quémander beaucoup d’envie d’elle. Un jeu bizarre, complètement fou qui ne menait jamais à rien et nulle part.
La sotte.
Lorsque ses appels attractifs produisaient quelque effet d’attirance, elle se rétractait comme un escargot regagne sa coquille. Elle vous implorait de la laisser tranquille. Toute rouge et parfois presque blanche, tremblante et livide comme une personne prise au piège, elle suppliait de ne pas relever les impressions qu’elle clignotait.
– Arrête ! disait-elle, je n’assume pas ! Je ne sais pas, je ne comprends pas ! Je ne sais pas où j’en suis, ni ce que je veux !
Elle se montrait très forte dans sa fragilité pour mieux se protéger.
Des sables mouvants, perpétuellement.
Qui oserait s’aventurer sur un terrain si instable et capable de vous engloutir tout cru ?
Jamais, elle ne se découvrit du moindre fil. Jamais, on n’aperçut le bout d’un téton, ni l’ombre de son ombilic, ni le galbe de sa fesse…
Evora offrait des mots, distribuait des sourires, balançait des sous-entendus, enjoignait de la solliciter, de la séduire, et fuyait, toujours insaisissable comme une anguille.
Elle avait ses préférences qu’elle a usées puis découragées. Déconfits, tous sont partis.
Evora a vieilli, elle cherche à comprendre ses errances. Le temps a passé trop vite, elle est chargée de regrets, pleine de tristesse car aujourd’hui elle croit savoir qu’elle aimait la vie mais qu’elle craignait d’être submergée par ses pulsions. Elle savait qu’elle était femme du trop, jusqu’à l’abandon et le don total de soi. La peur intuitive, incontrôlable, d’une envie dévorante l’a conduite au refus.
Il est ainsi des êtres aux sensations puissantes, trop puissantes, qui cultivent le fantasme à outrance jusqu’à l’évitement. Et puis s’éteignent progressivement à la pâle lueur d’une lampe, feignant de deviner en rêve perpétuel, parfois à regret, un « advenu » qu’ils n’ont jamais connu.
Trop tard, inutiles sont les regrets. Il faut vivre ses envies pour savoir où elles mènent car, quoi qu’il arrive, le temps s’en accommodera.
Aujourd’hui, Evora crierait presque, à qui veut l’entendre, d’écouter ses diablotins et non ses anges gardiens de l’esprit.
Faire confiance à ses envies en oubliant ses interdits,
juger sur pièce et non plus a priori.
Bonne journée à tous… à demain peut-être. 😉
la peur s’estompe parfois avec les années et la maturité, mais l’envie aussi la pauvre……….
Ah, oui c’est exactement ça mais pas pour tout le monde ;-).
Certains profitent encore et parfois mieux qu’avant.
c’est possible 😀
Magnifique portrait…
Ah ! Que dieu vous… 🙂
Belle Evora, graine au vent, tourbillon émotion … aucun regret !
Vivre ce que l’on est, être simplement l’âme qui nous habite et tant pis pour les trains ratés, les contrées inexplorées, les rêves restés suspendus.
Peu d’importance si tel est ton diapason. Le magique est l’unique sans comparaison, sans justification. Réussir à Etre est un exploit !
Belle Evora, ce beau portrait de toi est la preuve qu’en étant toi même, sans pouvoir abîmer par l’acte tes sensations, par ton renoncement à l’action, ceux qui t’ont respirée n’ont pu t’oublier.
Superbe couleurs j’adore très reposant pour les yeux 🙂
Ce sont des genêts en fleurs sous les chênes verts.