Sourire et sous-rire.

Passer de Bagdad au sous-rire, il n’y a qu’un pas pour moi qui pense, écris et vis à sauts et à gambades.
C’est ma meilleure façon de vivre et n’engage personne à sautiller…

Etre sensible aux choses de la vie sans être à l’affût du moindre souffle me convient parfaitement. Des choses qui viennent à moi sans être en attente de quoi que ce soit, sans scruter les moindres faits et gestes d’autrui. C’est un effet spontané corolaire d’un mode de vie .

Le sourire est une sorte de risette qui ne libère aucun son mais qui illumine un visage d’une douceur légèrement sucrée avec une pointe de cannelle.
Juste la moitié d’une pincée qui engage une communion olfactive presque gustative pour accompagner la touche visuelle.
Parfois, on a envie d’une caresse, d’entendre un mot doux pour que le tableau soit complet mettant tous les sens en action.
Le sourire est un élan léger porté vers l’autre, une invitation qui n’attend rien, une ouverture prête à recevoir pourtant.
C’est ainsi que je le perçois même si je suis à des lieues de la réalité ou de l’intention inexistante lorsque le sourire est spontané.

Aujourd’hui, j’ai découvert le sous rire.
Malgré un visage qui fait mine de s’illuminer, il n’a rien à voir avec son homonyme. Mieux encore, il se situe aux antipodes.
Deux personnes se rencontrent et ne sont visiblement pas les meilleurs copains du monde sans être des ennemis jurés. Il faut bien lâcher un mot de bienvenue qui dans ces cas n’a rien d’un salut amical.
Comme une sorte d’entrée en matière :
– T’as vu la pagaille ? 
L’autre qui ne peut dire le contraire puisque l’embrouille se produit sous ses yeux, adresse un sourire pirate.
Un de ces sourires qui échappent pour éviter des conflits sans être de connivence.
Il diffère du sourire engageant par le petit gloussement étouffé qui s’évade du fond de la gorge presque comme un ricanement modulé sur des notes basses.
Il s’apparente un peu au rire par son côté faiblement voisé*, une sorte de rire jaune atténué avec son aspect « plusieurs tons sous le rire ».
Il n’a pas la franchise d’un rire et encore moins d’un fou-rire.
Un degré faible du rire qui trahit une pointe névrotique dans le comportement. On ne veut pas dire ce que l’on pense, on fait mine d’acquiescer pour ne point entrer dans un conflit.
Plus ordinairement, on avale, on temporise, on évite friction.
Le sous-rire a cette fonction.
A n’en pas douter, ces deux personnes ne sont pas dans le même camp et elles le savent. L’une n’admet pas la pagaille et l’autre la comprend puisqu’elle soutient ceux qui l’ont provoquée.
Le sous-rire est évitement de conflit et s’adresse difficilement.
Il existe une variante avec le rictus qui est un sous-rire figé et silencieux.
Un sourire traitre qui s’affiche sur le visage et trahit le mal à l’aise ou le malaise.

Ces assertions ne sont qu’impressions toutes personnelles :

Sourire et sous-rire sont antinomiques, l’un est empathie et l’autre antipathie réfrénée ou difficilement masquée.

C’était la minute de M. Gambade.
Hélas, je n’ai pas fait de gâteau, même si vous le méritiez en allant au bout de mes incantations 😉

*Voisé= sonore puisqu’il fait vibrer les cordes vocales.

Le sous-rire.
L’image originale, les deux précédentes sont nées de celle-ci.

4 Comments

  1. Oh elle est si mignonne la dernière photo, bien mieux qu’un dessert 😉
    Bien observé, ce sous-rire !
    J’ai remarqué que depuis qu’on met les masques, les gens se forcent à faire sourire leurs yeux pour que le message du sourire passe quand même et ça, c’est très sympa par contre.

  2. Bien décrit, le spontané et le social éduqué …. comment y échapper ?
    Bien souvent, ne pas dire ce que l’on pense, estimant que ça ne sert à rien, nous met un sous-rire de courtoisie qui, c’est vrai, se trahit à qui veut voir, par le regard.
    Plus d’élan et de pétillement dans le sous-rire ; heureusement qui sous-rit évite de se retrouver trop souvent en si inconfortable obligation et court à toute jambe sourire entier au silence à la beauté ou à un complice.
    Qu’est ce qu’il est désagréable à produire ce sous-rire !
    Votre texte, lui, nous en offre un très beau de sourire au regard de ce petit museau tendu et de ses beaux yeux intenses : Dieu qu’elle est belle, cette petite souris ! Normal qu’on en sourit !

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