Pourquoi, pas le dernier ?
Ben, parce qu’il faut espérer que la race ne s’éteindra pas avec lui.
Avant dernier, laisse un petit espoir.
Paul puisqu’il faut l’appeler par son prénom, est homme tranquille, encore habité par les valeurs de naguère.
Lorsque je le rencontre, j’ose à peine le déranger tant il est plongé dans la plénitude des choses. Je le devine au calme qui règne autour de lui. Il est à son affaire, inlassablement à son labeur, il a toujours quelque chose à faire.
Il suffit de le voir en compagnie de son âne, tranquille, presque en communication comme le faisait mon père avec Roland son compagnon de travail.
Paul s’est imprégné des valeurs de ses ascendants. Il respecte le monde et ne dérange personne. Il construit sa vie de choses simples, il vous sourit et vous salue au passage. Vous tient conversation paisible si vous le sollicitez.
Ce matin, il était encore au labeur, il terminait son « regard » qui désormais conduira l’eau perdue de la fontaine vers les jardins en contrebas.
Jadis, elle ruisselait dans un caniveau creusé dans la terre, toujours entretenu, et connaissait le chemin qui mène aux bassins de rétention qui, bien souvent, faisaient office de lavoir autant que d’irrigation.
Elle s’y rendait en chantonnant, d’un clapotis joyeux au cœur du printemps, baignant le cresson qui poussait sur son passage.
Ce chemin existait toujours mais ne savait plus très bien où conduire, perdu dans les broussailles, laissant les bassins à sec, le temps lui avait chipé sa mémoire.
Paul, sans ostentation, fait œuvre utile avec son initiative frappée du bon sens et du sens de la vie.
Avec cette eau vive, trop plein d’une fontaine, en perpétuel mouvement, vie fraîche et pimpante naissait dans nos jardins d’une communion avec la nature…
A l’ombre d’un cerisier déjà délesté de ses fruits ou d’un pommier en attente de l’automne, un vieil homme écoutait le soupir des grenouilles accablées de chaleur dans l’eau fraîche de la vasque toute proche et souriait aux mésanges chapardeuses de reines-claudes ou de quetsches.
Notre villageois est sans doute de cette vie.
Ce sont nos rencontres sur le chemin qui me livrent ces pensées.
Une valeur humaine devenue rare de nos jours, sauvegardée par notre ami qui résiste encore pour ne pas être le dernier des Mohicans.
Je voulais adresser ce clin d’œil à cet homme qui inspire la confiance et respire bonne conscience.
Très au texte qui fait du bien et qui console après la folie des hommes que je viens encore de constater pas plus tard que ce matin. Merci Simonu et Paul d’être ce que vous êtes, ce sont des personnes comme vous qui font croire encore un peu à l’humanité.
Humain, chère Al, je l’ai toujours été.
Ne pas l’être est imbécile 🙂