HOU HOU ! J’AI TOUT ENTENDU ! 😉
CHAQUE ANNEE, AVANT LE MARDI GRAS, LES ENFANTS DES ECOLES DU VILLAGE « LANÇAIENT LE COQ » A LEUR MAITRE OU A LEUR MAITRESSE.
NOUS PREPARIONS CELA DE LONGUE DATE. RECOLTER L’ARGENT POUR L’ACHAT DU VOLATILE, S’ORGANISER POUR SAVOIR A QUEL MOMENT PRECIS DEVAIT INTERVENIR LE LACHER, PREPARER CHAQUE ELEVE A SUIVRE UN COMPORTEMENT NEUTRE POUR QUE RIEN NE FILTRE JUSQU’AU DERNIER INSTANT. CELA SE PRODUISAIT A LA RENTREE DU MATIN ET QUELQUES FOIS A LA RECRE POUR GARANTIR L’EFFET DE SURPRISE. CHACUN DEVAIT SE TENIR PRET A FUIR AVEC SON CARTABLE JUSTE AU MOMENT DE L’ENVOL DU COQ JETE A LA FACE DE L’ENSEIGNANT POUR FAIRE DIVERSION. CE DERNIER AVAIT BEAU CHERCHER A SAVOIR QUEL JOUR CELA SE PRODUIRAIT POUR TENTER D’EMPECHER LA FUITE DANS LA NATURE, ÇA NE MARCHAIT JAMAIS.
A PART QUELQUES TIMIDES OU DES ENFANTS DONT LES PARENTS NE SOUHAITAIENT PAS CETTE ESCAPADE PROGRAMMEE, LA CLASSE SE RETROUVAIT DISPERSEE DANS LA NATURE. LES GROUPES ETAIENT FORMES PAR AVANCE ET PAR AFFINITES. LES GARÇONS ET LES FILLES DEJA ROMPUS AU GUILLEDOU SE RETROUVAIENT A L’ABRI DES REGARDS POUR UNE JOURNEE DE TOTALE LIBERTE. LE JOUR ETAIT TRES ATTENDU POUR DES MOTIVATIONS DIVERSES.
LES TIMIDES QUI S’ETAIENT DONNE DU COURAGE CE JOUR-LA, FAISAIENT UN BOND DANS L’ESTIME DES AUTRES COMME DE SOI. ILS PRENAIENT CONSCIENCE QUE LA TRANSGRESSION ETAIT A LEUR PORTEE ET LE FRISSON DU MOMENT, AVEC SON APPORT D’ADRENALINE, LES FAISAIT GRANDIR D’UN COUP.
CHAQUE EQUIPE PRENAIT SOIN DE GARNIR SON CARTABLE, VIDE DE SES LIVRES ET DE SES CAHIERS, DE PAQUETS DE GATEAUX DONT GAUFRETTES ET FOURRES A L’ORANGE L’ALSACIENNE TENAIENT LA VEDETTE AVEC LES TABLETTES DE CHOCOLAT. CHOCOLAT AU LAIT ET AUX NOISETTES, PARFOIS DU BLANC QUI SORTAIT DE L’ORDINAIRE. LES BOUTEILLES GALBEES D’ORANGINA FOURNISSAIENT LE PLUS GROS DES BOISSONS.
JE ME SOUVIENS D’UN JOUR OU NOUS ETIONS PERCHES TOUT EN HAUT DE CACAREDDU, VERS LE RESERVOIR A EAU, CACHES DERRIERE LES HAUTES BRUYERES ET LES GENETS PRETS A FLEURIR, JUSTE EN FACE DU GROUPE SCOLAIRE. NOUS PROFITIONS, PLEINE FIGURE, DES RAYONS DE SOLEIL QUI RECHAUFFAIENT L’ATMOSPHERE ANNONÇANT L’ARRIVEE DU PRINTEMPS. NOUS AVIONS LES JOUES REBONDIES, LA BOUCHE PLEINE DE FRIANDISES AVALEES GOULUMENT APRES AVOIR AFFOLE LES PAPILLES SI PEU HABITUEES A TANT DE SUCRERIES.
Hum ! Reprenons le cours normal de l’écriture…
Les filles étaient souriantes parfois plus courageuses et plus hardies que nous. Cela nous valait une caresse inattendue dont on ne savait si elle était de tendresse, d’affection ou d’un peu plus. Cela nous arrangeait bien car les plus « sérieux », en fait, les plus timides d’entre nous, étaient bien incapables d’oser le moindre petit coup de cœur. Ça faisait du bien et nous assurait un peu d’importance. A tel point que le soir au coucher, nous étions encore dans les buissons bien au chaud sous les draps. Les yeux clos et l’imagination bien fertile pour rêver beaucoup plus, en faisant du vrai avec du faux.
Des moments de plaisir que nous devions au coq. Tiens ? C’était notre manière à nous de nous sentir un peu coqs, aussi. Mais sans les filles et leurs audaces nous serions restés des chapons.
Lorsque je suis retourné dans l’école de mon village, en me trouvant plus près du tableau, j’ignorais si la tradition s’était perdue. On m’avait prévenu que peut-être…
J’avais beau rester sur mes gardes, j’avoue que je n’ai rien vu venir, tout s’est passé très vite. Le rang était calme, seul un élève manquait à l’appel : Alexandre, un enfant docile très respectueux. J’ai pensé qu’il était absent. A peine étions nous rentrés dans la salle, j’ai senti une atmosphère bizarre, tous les élèves avaient posé leur cartable sur la table et, l’espace de quelques secondes, semblaient dans l’attente de quelque chose.
Je n’ai pas eu le temps de tout comprendre, Alexandre est entré en trombes et m’a balancé le coq enrubanné au VISAGE.
Toute la classe s’est ruée vers l’extérieur, j’ai mollement tenté de retenir un ou deux enfants sans insister car je ne voulais pas confisquer leurs émotions.
Je suis resté sans bouger, un instant… j’ai toujours pensé que jamais on ne me surprendrait…
Dans ces moments, on craint qu’un accident survienne, on s’en voudrait toute la vie.
Curieux mélange de peur et d’impuissance vite estompé lorsqu’on apprend que des parents veillent à distance.
J’espère que ces enfants qui sont adultes aujourd’hui, ont gardé en mémoire ces moments de liberté gagnée en déjouant l’autorité, certes bienveillante, que nous incarnions.
Un petit pas vers les émotions, parfois un grand pas vers la confiance en soi…
Ce texte rempli de souvenirs et de sourires, m’a procuré un bon moment de plaisir, la nostalgie a ça de bon, aussi.
*Le lancer de coq était une offrande faite à l’enseignant pour mardi gras afin qu’il fasse bombance avant le carême.
Sûr, ça c’est de la police montée 😉 et le coq ma foi a une crête royale!
Je ne connaissais pas cette tradition, c’est intelligent de la part des adultes, une façon de montrer aux enfants que la liberté, ça s’acquiert et de décontracter les plus timides avec le sourire et bienveillance.
Avec mon idée saugrenue de « police montée », j’ai regretté d’avoir écrit une si grande partie en lettres majuscules.
Mes hiboux font tout pour me perturber 😉
J’ai fait appel à des sortes de bouddhas pour le prochain texte qui m’a beaucoup amusé mais ne sera pas du goût de tout le monde, à la fois sérieux et facétieux 🙂
Ce soir peut-être.