Sur le chemin de la vie.

Cette image prise avec un téléphone portable, un « Aïe phone » plus exactement, est une de mes préférées.

Quatre de mes petites filles s’en vont à la plage avec plein de souvenirs en gestation.
J’ai l’impression de voir la photo d’un film et j’en imagine la trame.
Margault et Anna-Livia, à l’avant, la tête basse semblent méditer.
Songent-elles au soir à la Zinella chez Missiau et Mina, à regarder le ciel, écouter le concert de rainettes ou suivre la course insensée des chauves-souris dans le ciel de l’Aratasca ?
Je n’en sais rien.
Sans doute, plus prosaïquement, imaginent-elles des histoires de petites filles, des histoires de plongeons ou de nage sous-marine pour observer les poissons.
Des châteaux de sable, peut-être.

Les deux petites Francesca-Maria et Fanchon, se donnent la main, la marche plus chaloupée, paraissent en grande discussion et probablement très souriantes.

Avant la fin de l’été, les cousines voulaient me faire une surprise, elles étaient revenues du jardin avec un panier d’osier rempli de prunes trop vertes, pas encore parvenues à maturité. Cela les amusait beaucoup d’avoir devancé les geais chapardeurs qui se servent sans vergogne, aidés par les mésanges charbonnières et les bruants.

L’été prochain, nous seront surpris, les deux aïeux, de les retrouver bien plus grandes et ravis de leur construire la suite d’un souvenir chez nous.

Elles se souviendront de ces étés passés chez les grands parents à filer au jardin, à scruter le ciel dans la nuit claire, à identifier les étoiles, observer la lune à travers le télescope, à savourer la pizza au feu de bois.

Encore quelques mois, je prépare déjà le potager, peut-être ferons-nous ensemble de bonnes salades de tomates du jardin.

La noire est appelée tomate bleue.

Je me souviens de mes premières saint-Pierre dans le jardin de la Navaggia, mon grand-père n’oubliait jamais de porter un peu de sel dans un papier blanc et un couteau d’office. Le sien, pliant, quittait rarement la musette contenant la nourriture pour sa semaine de travaux sylvestres.
Cueillies au crépuscule après l’arrosage, encore un peu chaudes après le coucher du soleil, directement dégustées à peine détachées de leurs pédoncules, elles livraient les arômes qui les différenciaient des autres variétés. Je faisais mon apprentissage de taste tomates sans grande expérience et ne détectais aucune différence… Je me contentais de croire les « hum ! » de grand-père.
Parfois, le matin, encore saisies par la fraîcheur de la nuit, j’en chipais une bien mûre en cachette, la tranchais avec un vieil opinel, jetais quelques grains de gros sel sur la partie à vif, fermais les yeux et savourais cette chair au goût incomparable de vraie tomate d’un jardin familial.
Lorsque j’actionnais les mâchoires pour croquer bruyamment, le jus coulait abondamment par les commissures des lèvres, longeait le menton puis goutait sur le short et les spartiates. C’était un jeu qui renforçait le plaisir de déguster la fameuse saint-Pierre, la préférée de mon aïeul. J’en ai gardé un souvenir inoubliable qui m’encourage encore à poursuivre mon labeur au potager.

C’est en parlant et agissant de la sorte, en toute occasion, que j’essaye de transmettre le goût des choses simples, bien faites ; de révéler le plaisir qui se cache dans chaque instant secret ; de célébrer les contrastes et l’amour de la vie.

Je continue à cultiver mon art de vivre, mon vieux jardin déjà bien rempli, en espérant ensemencer celui des miens…

Ce jour-là, Leia, la plus grande, notre championne de judo, n’était pas là. Ce n’est que partie remise.

A prestu, dit-on chez nous.
A bientôt, les filles.

Une idée de l’été :

La noire de Crimée en cours de maturité.
La tomate du voyageur.
Je ferai un papier sur ces tomates.
Cœur de bœuf.
Aubergines blanches.
Toutes ces cultures sans aucun traitement.

La récolte.

Et la famille Tomacchio.

Le petit plus presque nécessaire :

6 Comments

  1. J’adore ce billet (il m’évoque des moments avec mes grands-parents) et j’adore les tomates !
    Mais je ne connais pas la tomate du voyageur …
    Bon jeudi 🍅

  2. Oui elle est jolie cette photo de vos petites-filles qui vont leur vie, les photos prises de dos sont souvent très parlantes, et la nostalgie dont parlent les hiboux y est bien présente. Nul doute qu’elles liront vos pages dans quelques année avec le même sentiment…
    Les tomates du voyageur m’intriguent, j’attends ce billet avec impatience 🙂
    (les aubergines blanches ont-elles le même goût que les autres?)

    1. Plus douces que les classiques, peau plus fine, je les prépare à la bonifacienne (à ma manière) en accentuant sur l’ail.
      Un goût plus fin, ça se mange très facilement comme des croquembouches dirait la bonne sœur que je devais défendre dans son examen de passage, c’était écrit dans un dossier pour décrire un enfant qui avait pour la première fois touché aux canapés, petits fours. Rien à voir, c’est un clin d’œil pour éclairer sur le texte passé. 😉
      Moi, j’aime bien et je prépare les semis juste après l’épisode de froid qui s’annonce pour la fin de semaine.
      Je cultive les longues, les rondes me plaisent moins et montent en graines plus facilement.

  3. quelle jolie photo familiale ! si l’on en juge par la ligne d’horizon la plage n’est pas très loin 🙂 quand aux tomates il me semble en sentir l’odeur caractéristique et j’ai du coup envie de tomates à la provençale….. mais j’attendrai la pleine saison. Merci Simonu

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